jeudi 22 janvier 2009

Message aux anti-baisses d'impôts

Nathalie Elgrably
Un répit pour le contribuable

Nathalie Elgrably-Levy
Journal de Montréal

Depuis que le ministre des Finances du Canada, Jim Flaherty, a annoncé son intention de réduire les impôts, on entend partout le même refrain : baisser les impôts est une mauvaise idée. Il vaudrait mieux que l'État augmente ses dépenses publiques et, surtout, ses dépenses en infrastructures.

Vu l'état de nos infrastructures, des améliorations sont, certes, indispensables. Toutefois, affirmer qu'elles constituent un remède à la morosité de l'économie est carrément absurde! En 1930, le gouvernement des États-Unis s'était lancé dans ce genre de dépenses. Résultat? Toute la décennie avait été plongée dans un marasme économique historique, accompagné d'un taux de chômage moyen de 17%! Ce n'est qu'après le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale que le chômage put revenir à son niveau de 1929.

Après l'éclatement de sa bulle immobilière en 1989, le Japon a voulu également redresser son économie en investissant massivement dans les infrastructures et en réduisant les taux d'intérêt à zéro. Rien n'y fit! Entre 1990 et 2002, le Japon a traversé plusieurs récessions. On parle même de la "décennie perdue". En revanche, en appliquant les pratiques keynésiennes, le Japon a réussi un "formidable exploit" : il est maintenant le pays le plus endetté de l'OCDE!

Quant à l'administration Bush, elle est certainement la plus keynésienne des 25 dernières années. On connaît le résultat.

Qu'on fonde des espoirs sur les dépenses en infrastructures est une chose. Mais pourquoi cette levée de boucliers contre les baisses d'impôts? On dit qu'elles seront inutiles et inefficaces, car les gens s'en serviront pour épargner ou pour rembourser leurs dettes. Un économiste d'une institution financière chérie des Québécois a même déclaré aux médias que les baisses d'impôts seront vaines car l'argent que nous retournera le gouvernement ne sera pas entièrement "réinvesti" dans l'économie. Vraiment? Mais alors, où cet argent ira-t-il? S'évaporera-t-il dans l'atmosphère? Va-t-il flotter dans un univers parallèle jusqu'à ce qu'on le dépense?

Le fonctionnement de l'économie est simple : ce qui sort de la poche de l'un entre nécessairement dans la poche de l'autre, et vice-versa. Ainsi, un contribuable qui alloue sa réduction d'impôts de 1 000 $ au remboursement d'une dette procure à son créancier une entrée d'argent. Et que fait-on quand on dispose de plus de moyens? On dépense ou on investit, ou les deux! Un raisonnement similaire prévaut dans l'éventualité où la réduction d'impôts sert à financer l'épargne. Les institutions financières se servent des dépôts des uns pour consentir des prêts aux autres. L'absence d'épargne rend impossible l'octroi de prêts! Et pour quelle raison quelqu'un emprunterait-il si ce n'est pour payer un achat?

Contrairement aux âneries qui circulent depuis une semaine, toute réduction d'impôts est nécessairement réinjectée dans l'économie. Mieux encore, l'Histoire nous a prouvé que réduire les impôts est un excellent moyen de dynamiser une économie. Même Keynes serait d'accord!

On pourrait également citer Christina Romer, professeure d'économie à l'Université Berkeley, directrice du comité des conseillers économiques de l'équipe de Barack Obama et keynésienne convaincue. Mme Romer a récemment publié une étude dans laquelle elle démontre l'efficacité inégalée des réductions d'impôts. D'après ses recherches, une réduction d'impôt de 1$ fait augmenter le PIB de 3$!

Les Québécois sont parmi les contribuables les plus taxés en Amérique du Nord. En 2008, ils ont travaillé du 1er janvier au 26 juin pour payer tous leurs impôts. Pourquoi donc s'offusquer ainsi à l'idée de leur donner un peu de répit... à moins, évidemment, de confondre le contribuable avec une piñata!?

2 commentaires:

  1. "Les Québécois sont parmi les contribuables les plus taxés en Amérique du Nord."

    Tiens donc, on sent la rhétorique à la Jean Charest dans vos propos.

    Les provinces devraient arrêter de chiâler sur les baisses d'impôts.

    Si Québec et sa go-gauche syndicaleuse n'a pas les moyens de se payer toutes ses tours d'ivoire pour hauts fonctionnaires pendant que les pauvres obtiennent une éducation et des soins de santé digne du tiers-monde que Jean Charest arrête de jouer les hypocrites, de brailler avec sa créature de la coalition des provinces et qu'il augmente les taxes sapristi.

    Une fois face à la VRAIE réalité de tout ce que nous coûte RÉELLEMENT ces tours d'ivoire, les Québecois déchanteront peut-être et songeront peut-être à dégraisser pour de bon l'appareillage de l'état.

    En attendant, on essayera encore de faire passer l'odieux des hausses d'impôt sur le dos du fédéral qui redonnera l'argent aux provinces par la porte d'en arrière via la péréquation et cela sur le dos du CONtribuable canadien.

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  2. Rares sont les gouvernements qui sont réélus après avoir augmenté les impôts, Tym! Les gouvernements pensent toujours en fonction de la prochaine élection et jamais en fonction de l'économie, vous le savez aussi bien que moi.

    En passant, mon billet est un copié-collé intégral de la dernière chronique de Nathalie Elgrably.

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