Si je devais prédire l'actualité économique qu'on aura en 2009, je citerais la dernière chronique de Nathalie Elgrably.
Nathalie Elgrably
Lexique économique pour 2009
Ce n'est une révélation pour personne, l'économie sera au centre des préoccupations en 2009. Un lexique économique s'impose donc. Celui que je vous propose ne contient que six mots. Il est certainement le plus court de l'Histoire de l'Humanité, mais il sera fort utile, car les mots qu'il contient défrayeront les manchettes, c'est certain.
Inflation : hausse soutenue du niveau général des prix. On observe de l'inflation lorsque la Banque centrale injecte plus de monnaie qu'il n'en faut pour acheter la production. Ainsi, si la croissance économique est de 1% tandis que la quantité de monnaie en circulation augmente de 2%, il y a alors trop de monnaie par rapport à la valeur des biens, la monnaie perd de sa valeur et les prix augmentent.
Déflation : baisse soutenue du niveau général des prix attribuable à une croissance monétaire inférieure à la croissance de la production.
Hyperinflation : inflation extrême de plus de 1000% par an. Dans ce cas, la monnaie perd toute valeur. Ce fut le cas en Allemagne dans les années 1920, en Hongrie après la Seconde Guerre mondiale, en Yougoslavie en 1990, et au Zimbabwe aujourd'hui alors que l'inflation dépasse 230 millions%.
Récession : réduction de la production pendant deux trimestres consécutifs, ou plus.
Dépression : récession au cours de laquelle la production diminue de 10% ou plus.
Grande dépression : contraction de l'économie supérieure à 25%.
Pourquoi ces mots? Tout simplement parce que toutes les conditions sont rassemblées pour que 2009-2010 soit le théâtre d'un Armageddon financier aux États-Unis.
D'abord, la Réserve fédérale a injecté énormément de liquidités. En trois mois, la base monétaire a enregistré une hausse spectaculaire de 76%, et les taux d'intérêt ont diminué à pratiquement 0%. Aussi bien dire que l'argent est gratuit!
BESOINS ASTRONOMIQUES
Ensuite, la dette américaine frôle 11 000 milliards $. Quand on additionne tous les engagements de Washington (Medicare, Medicaid, sécurité sociale...), on atteint la somme exorbitante de 65 000 milliards $, soit approximativement 300% du PIB. Ajoutons les plans de relance totalisant 8 500 milliards $, l'augmentation des dépenses de l'État générée par les retraites des baby-boomers et les généreuses promesses électorales d'Obama qui s'élèvent à 850 milliards $, et on obtient des besoins financiers astronomiques!
Comme les Américains n'épargnent pas, Washington devra emprunter à l'étranger. Or, avec des taux d'intérêt pratiquement nuls et un bilan financier qui suggère la banqueroute, peu de gens seront disposés à prêter à l'Oncle Sam. C'est alors qu'il se tournera vers la planche à billets, déclenchant ainsi le cercle vicieux de l'inflation, voire peut-être même de l'hyperinflation. C'est ce qu'ont fait tous les pays dans la même situation et, hélas, rien ne permet de croire que Washington fera exception. À voir la politique monétaire débridée de Ben Bernanke, on pourrait même se demander si le processus n'est pas déjà enclenché!
Les États-Unis ont créé une bombe à retardement sur le point d'exploser. Ce n'est qu'une question de temps! L'Histoire a montré que les déficits budgétaires financés par l'injection de monnaie sont invariablement à l'origine de douloureux épisodes d'inflation. L'Amérique n'a pas appris la leçon et elle en paiera le prix. Quant au Canada, la pression est forte pour que le gouvernement Harper imite les États-Unis et concocte à son tour des plans de relance et se lance dans une orgie de dépenses. L'antiaméricanisme était palpable pendant des décennies et aujourd'hui, on nous propose de reproduire les pires âneries de Washington!
Économiste senior à l'Institut Fraser
lundi 12 janvier 2009
Économie 2009
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