mercredi 28 janvier 2009

Budget néo-démocrate de Stephen Harper : la réaction de Martin Masse du Québécois libre et deux commentaires avec lesquels je suis totalement d'accord

Le Parti conservateur n'a plus de raison d'être

par Martin Masse

Bon, c'est maintenant officiel : il n'y a plus que des partis socialistes, corporatistes, dirigistes (utilisez votre terme favori!) au Canada, c'est-à-dire des partis qui considèrent que l'État doit planifier le développement économique et contrôler les décisions économiques des individus et des entreprises.

Le budget présenté hier par le ministre Flaherty vient d'ajouter une nouvelle couche de dirigisme et de distribuer des dizaines de milliards de dollars à gauche et à droite pour politiser les décisions politiques. Parmi les principales mesures qui vont dans ce sens :

-50 milliards $ de plus pour acheter des hypothèques et subventionner ainsi indirectement les prêts hypothécaires (en réduisant les risques et les coûts des institutions financières) ;
-des milliards pour le logement social ;
-des milliards pour inciter les gens à rénover leur maison ;
-7 milliards $ à la Banque de développement du Canada et à Exportation et développement Canada pour financer les entreprises ;
-600 millions en subventions aux industries agricole, navale, forestière et spatiale ;
-1 milliard $ pour la création d'une nouvelle agence de développement régional dans le sud de l'Ontario ;
-de nouvelles réglementations de l'industrie du crédit ; etc., etc.

Ce gouvernement n'a plus aucune crédibilité. Stephen Harper, qui a déjà cru dans la liberté individuelle et le libre-marché, vient de démontrer qu'il est prêt à faire n'importe quoi, y compris abandonner les quelques principes qui lui restent, pour s'accrocher au pouvoir. Lui qui était décrit comme un stratège de génie par ses sycophantes, il n'y a pas longtemps, se révèle aujourd'hui être un simple politicien opportuniste et sans aucune vision à long terme. Quel personnage pathétique!

Ce que cela démontre encore une fois, c'est qu'on ne fait rien avancer en optant toujours pour «la moins pire» des solutions, en taisant ses principes, en faisant constamment des compromis, en s'entourant d'opportunistes qui ne partagent pas nos convictions mais qui sont utiles pour atteindre et garder le pouvoir.

Les conservateurs auraient dû, dans une situation aussi cruciale, continuer à défendre des principes de libre-marché et présenter un budget non-interventionniste, au risque de perdre le pouvoir. Il aurait été préférable de laisser un nouveau gouvernement de coalition de gauche adopter les mesures qui correspondent à leur idéologie ; expliquer aux Canadiens pourquoi elles sont mauvaises et vont échouer ; miser sur le fait que plus de 40% des Canadiens, selon des sondages parus récemment, ne croient pas à l'efficacité des déficits et des mesures pour soutenir l'économie ; entretenir cette vision alternative et attendre que le contexte politique soit favorable pour la mettre en œuvre ; et modérer ainsi les tendances interventionnistes du gouvernement en le tirant vers le centre.

Au lieu de cela, les conservateurs se sont peinturés dans un coin. Ils entreront dans l'Histoire comme le gouvernement qui a enclenché la nouvelle phase de croissance de l'État durant la crise du début du 21e siècle. Ils sont maintenant engagés à faire exactement le contraire de ce que ceux parmi eux qui ont quelques principes souhaitaient réaliser. Ils seront blâmés lorsque la situation économique continuera d'empirer. Ils n'auront aucune crédibilité s'ils essaient de changer de direction. Comme ils font face à une opposition qui réclame toujours plus d'interventionnisme, tout pousse dans cette direction, il n'y a plus de centre. Ils seront forcés de faire comme les autres gouvernements du monde, soit s'enfoncer toujours plus dans l'interventionnisme, puisque c'est maintenant la seule option politique sur la table.

Le seul espoir politique qui reste pour éviter de s'enfoncer toujours plus dans ce bourbier, c'est celui d'une révolte au sein du Parti conservateur venant de ses membres qui s'opposent à la direction qui vient d'être prise. Qui sortira le couteau le premier? Stephen Harper, qui faisait partie des rebelles qui ont délaissé le PC et fondé le Parti réformiste à la fin des années 1980, vient de mettre en place les conditions idéales pour susciter une rébellion similaire. Les conservateurs retrouveront-ils quelques principes et une sensibilité stratégique à plus long terme lorsque les sondages montreront que le Parti libéral est en avance, qu'ils perdront bientôt le pouvoir de toute façon, et que leur transformation en parti socialiste n'aura finalement rien donné?

Rédigé à 11h49 Lien permanent

Commentaires

Ce que Stephen Harper et les conservateurs ont fait, c'est nous démontré qu'ils préfèrent le pouvoir à leurs idéologies et convictions.

J'aurais préféré que Harper lutte tant bien que mal pour ses convictions, quitte à perdre le pouvoir. Il aurait conservé mon vote et mon appui.

Mais maintenant qu'il est socialiste lui-aussi, qu'est-ce que ça donne d'aller voter? On n'a plus le choix, la démocratie est court-circuitée.

Aussi bien voter pour tout le monde à la fois ou rester chez-soi et voter pour personne, puisque ce sera du pareil au même.

Après, nos politiciens se plaignent que nous sommes cyniques et sceptiques. Mais, ils ne nous laissent pas le choix.

On a le choix entre socialiste, socialiste, socialiste, socialiste et socialiste.

Si "socialiste" ne fais pas mon affaire, pour quoi vais-je voter?

Ça me fais penser à South Park, l'épisode dans lequel Stan devait voter pour une poire à lavement ou un sandwich à la M**. Il trouvait que ce choix était débile et il refusait de voter.

Et bien, avec le volte-face des conservateurs, nous sommes tous dans la M***.

Il existe bel et bien un parti libertarien au Canada, mais il n'a pas de candidats dans tous les comtés et il est très marginal.

Aux prochaines élections, je vais rester chez-moi bien au chaud, je n'irai plus voter.

Je commence à mieux comprendre les 700 000 électeurs qui n'ont pas été voté au Québec la dernière fois, ce qui explique pourquoi l'ADQ a chuté.

C'est parce que l'ADQ ressemblait trop au Parti québécois et au Parti libéral. C'est parce que l'ADQ s'est gauchisée que des électeurs se sont tannés et ont décidé d'abandonner l'ADQ, parce que l'ADQ les a abandonné.

Et bien, j'abandonne maintenant le Parti conservateur et j'abandonne maintenant la démocratie.

Rédigé par: Jean Gosselin 28 janvier 2009 at 12h06

Ce budget est un désastre, une illustration épeurante du concept «dépenser pour s’enrichir». Le gouvernement conservateur est en état de panique : il faut se rappeler que le dernier politicien à avoir tenté de se sortir d’une récession en jetant autant d’argent par les fenêtres a été Bob Rae en 1991, avec les résultats désastreux que l’on sait. Enfoncer le pays dans l’encre rouge pour les 10 prochaines années, c’est un peu cher pour acheter une bouée de sauvetage à monsieur Harper!

S’il est judicieux de dépenser prudemment sur les infrastructures lorsque l’économie va bien (ce que nos gouvernements ont soigneusement évité de faire, soit dit en passant), la frénésie de dépenses publiques actuelle ne peut garantir qu’un seul résultat : une série de scandales financiers auprès desquels l’affaire des commandites aura l’air d’une magouille de paroisse.

La Vérificatrice générale du Canada nous rebattra les oreilles pendant des années des gaspillages qu’auront engendré ce budget délirant : les politiciens dépensent rarement de façon intelligente quand leur motivation est la panique.

Harper a été élu en promettant de diminuer la taille du gouvernement fédéral et de le rendre plus efficace, plus responsable. À présent, dans un quitte ou double désespéré pour la survie de son gouvernement, il est prêt à balancer des milliards pour financer n’importe quel projet mal fagoté prenant la poussière sur les tablettes à tous les niveaux de gouvernement imaginables, dont la plupart subiront retard après retard et continueront à crever leur enveloppe budgétaire longtemps après cette récession.

Il n’y a vraiment qu’au Canada qu’après avoir été soulagés de plusieurs milliards de dollars pour rescaper des constructeurs automobile en faillite, les contribuables peuvent se faire dire par un premier ministre en puissance qu’ils ne méritent pas de baisses d’impôts pour les aider à passer au travers d’une récession.

Les deux seuls résultats que ce budget garantisse à long terme, avec lesquels les Canadiens devront vivre pendant plusieurs années : inflation incontrôlable et/ou hausse importante du fardeau fiscal, avec toutes les conséquences néfastes que l'on peut déjà entrevoir pour la productivité des entreprises, leur rentabilité, et, bien entendu, le chômage.

Bravo!

Rédigé par: Pierre-Yves 28 janvier 2009 at 12h07

1 commentaire:

  1. M. Harper est donc le Robert Stadler du Canada qui vient de sanctionner le Project-X.

    Ref:(http://rebirthofreason.com/Articles/Younkins/The_Robert_Stadler_Story_The_Moral_Fall_of_a_Man_Who_Knew_Better.shtml)

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