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Ce que pensait Lucien Bouchard de la coalition PLC-NPD-Bloc de 2008!!!
Ce texte a été écrit, le 22 décembre 2008, par la journaliste Chantal Hébert!!! Son texte explique très bien la métamorphose du Bloc québécois, sous le leadership de Gilles Duceppe!!! Je n’ai fait que changer une date, pour lui donner un look qui fait plus 2011, mais le message, lui, demeure, à 100%, le même qu’il était, en 2008!!! Comme quoi, plus ça change, plus c’est pareil!!!
Bonne lecture!!!
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Lucien Bouchard a été très irrité de voir Gilles Duceppe signer un pacte, avec Stéphane Dion, au début du mois de décembre 2008!!! Selon des proches, le chef-fondateur du Bloc québécois ne pouvait pas concevoir que son ancienne formation politique puisse ouvrir la voie du pouvoir, au père de la Loi sur la clarté référendaire, un malaise qui est partagé, par un certain nombre de souverainistes!!!
De tous les éléments du projet de coalition fédérale, la photo de famille pour laquelle monsieur Duceppe et monsieur Dion ont posé, côte à côte, est celui qui a suscité le plus de réactions négatives, parmi les souverainistes!!! La séance de signature, qui était orchestrée, pour rassurer la Gouverneure générale, quant à la stabilité d’une éventuelle coalition PLC-NPD, aura, décidément, fait du tort, à tous ses participants!!!
Heureusement, pour l’harmonie de la famille bloquiste, la résurrection qui était appréhendée de Stéphane Dion s’est, rapidement, transformée, en un enterrement de première classe, et le devoir de réserve qu’il s’est imposé, depuis sa retraite de la vie politique, a, finalement, incité Lucien Bouchard à se mordre la langue!!! On peut parler d’une sage décision, de sa part!!! Dans les faits, Gilles Duceppe n’avait pas de leçons à recevoir, de son prédécesseur!!!
Monsieur Bouchard a des bonnes raisons de se souvenir, avec une certaine amertume, de ses démêlés passés, avec Stéphane Dion!!! Au moment de sa démission, en 2001, il avait invoqué l’adhésion d’une pluralité de Québécois, au Parti libéral du Canada, lors des élections post-Clarté de 2000, comme étant le principal argument à l’appui de son départ du poste de premier ministre du Québec!!! Mais, son indignation, devant le projet de la coalition, témoigne, également, de ses propres racines conservatrices, de même que du décalage qui s’est installé, entre Lucien Bouchard et le parti qu’il a fondé, en 1990!!!
À sa naissance, le Bloc québécois était, officiellement, une coalition arc-en-ciel, dont la raison d’être était la réalisation, à une brève échéance, de la souveraineté du Québec!!! Dans cet esprit, monsieur Bouchard avait refusé tout lien qui était formel, avec le Parti québécois!!! Mais, malgré sa vocation oecuménique et à l’image de son fondateur, la première mouture du Bloc avait, néanmoins, des forts penchants conservateurs!!! À l’arrivée de Gilles Duceppe, à la Chambre des Communes, en 1990, la masse critique de l’embryon bloquiste était faite de transfuges conservateurs!!!
Les premières années du Bloc ont été marquées, par une certaine symbiose, entre le groupe qui était dirigé, par Lucien Bouchard, et son ancien gouvernement!!! Peu de temps après avoir claqué la porte du Conseil des ministres, monsieur Bouchard s’était même fait un point d’honneur de revenir, aux Communes, pour appuyer le projet de recriminalisation de l’avortement de son ancien parti!!!
Mais, quinze années ont passé, depuis son départ, pour Québec, et, si le Bloc devait être le parti d’un seul homme, ce ne serait plus le parti de Lucien Bouchard, mais bien celui de Gilles Duceppe qui a été son premier député élu, qui l’a mené en campagne électorale, à six reprises, et qui l’a dirigé, pendant deux fois plus longtemps que le chef-fondateur!!!
Avec le temps, monsieur Duceppe a cessé d’être le gardien du temple de Lucien Bouchard!!! Aujourd’hui, le discours du Bloc reflète, davantage, la personnalité d’un chef social-démocrate qui n’a jamais renié son credo de centre-gauche!!! Cette évolution bloquiste est, également, tout à fait, dans l’air du temps, car, au cours des quinze dernières années, les lignes de force du débat Québec-Canada se sont déplacées, la perspective d’un référendum s’est estompée et la question des arrangements internes du Canada a cédé le pas, à des débats de fond, sur les arrangements canadiens, avec le reste de la planète!!!
Au terme de sa douloureuse reconfiguration, le Parti conservateur fédéral s’est radicalisé!!! L’ancien chef du Bloc a lui-même contribué à cette radicalisation, en vidant le mouvement conservateur canadien de l’essentiel de son aile québécoise qui fut, pendant longtemps, la gardienne de sa tradition progressiste!!! Aujourd’hui, le PLC de Michael Ignatieff reflète, davantage, les valeurs qui étaient dominantes de l’ancien régime progressiste-conservateur de Brian Mulroney que le gouvernement de Stephen Harper!!!
Du temps de Lucien Bouchard, il n’y avait pas, non plus, sur le terrain québécois, un NPD qui était susceptible de doubler le Bloc, sur son flanc gauche!!! La zone de confort de Jack Layton, au Québec, est, nettement, plus large que celle de ses prédécesseurs!!! Il a multiplié, par deux, les appuis québécois de sa formation politique, depuis son arrivée, à la direction du NPD, en 2003!!!
Surtout, l’arrivée au pouvoir de Stephen Harper a entraîné un réalignement de l’échiquier politique, en fonction d’un axe gauche-droite!!! Sur cet échiquier politique, là où s’affrontent deux visions de la mission sociale de l’État, Stéphane Dion et Justin Trudeau sont du même côté que celui de Gilles Duceppe et celui de Jack Layton!!! On a pu le mesurer, quand Justin Trudeau est monté, aux barricades médiatiques du reste du Canada, au début du mois de décembre 2008, pour défendre, âprement, la négociation, par le PLC, d’un pacte de non-agression, avec le Bloc!!!
Si il y a une rupture, entre le passé et le présent du Bloc, dans la signature du pacte de coalition PLC-NPD de 2008, elle n’est pas dans le terreau constitutionnel, là où la situe, viscéralement, Lucien Bouchard, mais bien dans le fait que le parti souverainiste a, pour la première fois, télégraphié, clairement, le message que, pour ce qui est de l’exercice du pouvoir fédéral, l’un des deux principaux partis fédéralistes est, finalement, préférable, à l’autre!!! Ce faisant, Gilles Duceppe a pris le risque d’accélérer la réhabilitation du PLC, au Québec!!! À terme, c’est Michael Ignatieff qui pourrait en profiter!!!
Néanmoins, et n’en déplaise à Lucien Bouchard, tous les sondages concordent, pour démontrer que, pour une forte majorité de Québécois, Gilles Duceppe n’aurait pas été à sa place, ailleurs que derrière la coalition Dion-Layton!!!
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