samedi 27 juin 2009

Le débat constitutionnel empêche toute réforme du «modèle» québécois

Voici la lettre ouverte que Éric Duhaime a écrite en réponse à celle de Sébastien Proulx, lettre qui a été publiée plus tôt cette semaine!



Un parti de droite? L'ADQ n'a d'autre choix que de l'assumer

Éric Duhaime, consultant en développement démocratique actuellement en Irak et ex-conseiller politique de Mario Dumont de 2003 à 2008



Mon ami Sébastien Proulx y est allé un peu fort en prétendant que l'ADQ n'est pas un parti de droite, comme s'il s'agissait d'une maladie honteuse (Cyberpresse - 23 juin 2009). L'actuelle course à la direction du parti permet, certes, un important débat d'idées, mais elle ne peut pas faire dériver le bateau vers de dangereux récifs d'incohérence.

Déjà qu'il a fallu près d'une décennie à notre parti pour définir notre positionnement constitutionnel! Pendant dix ans, les adéquistes se faisaient demander s'ils étaient souverainistes ou fédéralistes, une question à laquelle on ne pouvait que répondre ni l'un, ni l'autre! Maintenant, nous sommes autonomistes et nous avons clairement défini ce que ça implique en termes de pouvoir et de rapport de force. Cela nous a permis d'ouvrir d'autres débats beaucoup plus urgents et importants pour le Québec.

On ne va quand même pas commencer aujourd'hui à répondre à la question : «Êtes-vous de droite ou de gauche?», par un ni un, ni l'autre. Il n'y a pas de honte d'être de droite et, en tant qu'adéquistes, on a le devoir de s'accepter. Un parti qui souhaite réduire la taille de l'État, mettre fin au monopole public du système de santé, réduire la dette, valoriser les libertés individuelles, s'attaquer plus vigoureusement aux criminels et remettre les assistés sociaux au travail est définitivement un parti de droite.

La raison d'être

On peut utiliser un slogan de droite humaniste ou de droite de compassion, mais on ne peut pas remettre en cause la raison d'être de notre parti. Des partis politiques qui ne sont ni de droite, ni de gauche, et qui sont uniquement focalisés sur la question constitutionnelle, on en a déjà deux vieux au Québec.

La pertinence de l'ADQ, c'est justement qu'il y a un Éric Caire pour affirmer vouloir s'inspirer du film «L'Illusion tranquille», un Gilles Taillon pour se présenter comme le candidat de l'économie qui veut relancer «notre parti sur la base de nos valeurs de centre-droit», un Christian Lévesque obsédé par un «État plus efficace et moins coûteux», un Gérard Deltell pour dire à la CSN que des hausses salariales de 11,5% dans le contexte actuel n'ont pas de bon sens, une Sylvie Roy pour défendre quotidiennement les victimes d'actes criminels à l'Assemblée nationale, une Marie Grégoire pour parler de l'importance de l'équité entre les générations et même un Jean-François Plante pour dire «merde» à la rectitude politique.

Le combat de l'ADQ, depuis plus de 15 ans, consiste à dépolariser le Québec sur l'axe constitutionnel souverainiste-fédéraliste pour ramener le débat vers un axe gauche-droite, comme dans pratiquement toutes les autres démocraties du monde.

Ce qui différencie probablement la droite québécoise de la droite d'ailleurs sur notre continent ou même en Europe est la quasi-absence chez-nous d'une droite morale ou religieuse. Ça s'explique peut-être par la jeunesse de nos militants adéquistes ou par la rupture entre l'État québécois et l'Église catholique, depuis la Révolution tranquille. L'ADQ peut donc être taxée d'être un peu plus libertarienne que conservatrice à l'intérieur de la grande famille des partis politiques de droite. Mais, là s'arrête les différences!

N'en déplaise à mon ami Sébastien, il ne s'agit pas ici d'une question de dogmes, mais simplement une question de cohérence! À nous tous, adéquistes, d'assumer que nos idées sont de droite et de redonner à cette droite québécoise les titres de noblesse qu'elle mérite!




Commentaire personnel de ma part : l’axe constitutionnel souverainiste-fédéraliste existera toujours dans le Québec province.

Tant que ce débat-là ne sera pas réglé une bonne fois pour toute, un débat sur l’axe gauche-droite ne pourra jamais exister, même si il serait plus que temps d’en avoir un. L’axe souverainiste-fédéraliste occupant tout l’espace, aucun débat gauche-droite ne pourra avoir lieu au Québec.

L’autonomisme adéquiste n’étant qu’une coquille vide et qu’un beau slogan électoraliste, il n’y a réellement que deux façons de régler le débat constitutionnel une bonne fois pour toute. La première, c’est l’assimilation pleine et entière des francophones à la culture majoritaire anglophone (point de vue des monarcho-fédérastes), ce qui sous-entend ainsi la disparition du fait français en Amérique. La deuxième, c’est l’indépendance du Québec (point de vue des souverainistes).

N’en déplaise aux adéquistes et, principalement à Éric Duhaime, le débat constitutionnel prendra toute la place tant et aussi longtemps qu’il ne sera pas réglé et, pendant ce temps-là, notre merveilleux «modèle» québécois est sur le point d’imploser, conséquence directe du vieillissement de la population, de la soviétisation de notre société et de 50 ans d’économie planifiée!

Lorsque l’ADQ aura compris ce fait, elle en sortira grandie et peut-être sera-t-elle le parti qui réalisera notre libération nationale pour que l’on puisse, enfin, débattre selon l’axe gauche-droite et non plus selon le stérile axe constitutionnel qui handicape le développement économique du Québec.

Pendant que le débat constitutionnel est toujours à l’avant-plan, on ne parle pas de l’éventuelle implosion du «modèle» québécois, ce qui est un total manque de respect envers les futures générations.

Pour terminer, je citerai François Legault, le dernier souverainiste lucide à avoir quitté le Parti québécois :




Non, je suis inquiet, très inquiet, pour trois raisons! Tout d’abord, le Québec est moins riche que tous les autres États et le seul moyen de s’en sortir est d’instruire et de former les Québécois. Deuxièmement, je vois deux grands réseaux qui ne fonctionnent pas : la santé et l’éducation! Il faudra changer les mentalités et développer de nouvelles approches orientées vers les résultats. Finalement, et ça, c’est assez désolant, le Québec opère avec l’argent de nos enfants. Nous n’avons pas le droit de faire ça. Je croyais que nous en avions terminé avec les déficits, mais nous avons un déficit structurel. On dépense l’argent que nous n’avons pas. C’est inacceptable.




La citation a été prise ici.

Je l'ai dit et je le répète, je persiste et je signe : tant que le débat constitutionnel ne sera pas clos, les réformes économiques et sociales que le Québec a tant besoin pour son développement ne pourront jamais être mises en place.

Voilà pourquoi il est urgent de réaliser l'indépendance du Québec, car, sans elle, toute réforme économique et sociale est impossible à réaliser! Même la flat tax de Jean-François Plante est impossible à mettre en place au Québec dans le contexte politique actuel! Il faut que nous soyons souverains pour ça.

J’espère que les adéquistes et, principalement, Jeff Plante prennent des notes.

JE NOUS SOUHAITE LE QUÉBEC QUE NOUS MÉRITONS!!!!!!

2 commentaires:

  1. Plante et Caire proposent d'instaurer des initiatives populaire. Si un minimum de citoyens signent un régistre demandant un référendum, ils n'auront pas le choix d'en déclencher un.

    On verra alors si les Québecois veulent vraiment ou non sortir de l'impasse constitutionnelle...

    En passant, le PC Ontario a élut le Éric Caire ontarien. Le Plante du PCO a été éliminé (Randy Hillier) :-(

    Madame Elliot Flaherty, la Gilles Taillon du PC a mordu la poussière.

    Martin

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  2. Le débat sur l'indépendance est clos, les Québécois ont dit non deux fois et les sondages démontrent que les souverainistes sont toujours minoritaires.

    Il faut que les souverainistes cessent de monopoliser le débat constitutionnel. Ce débat doit se faire en fonction des problèmes actuels. Il faut aussi réaliser que les problèmes constitutionnels (découlant principalement de la Loi constitutionnelle de 1867) n'affectent pas uniquement le Québec. Même le gouvernement de l'Ontario a un site Web dans lequel il affirme être traité inéquitablement par le fédéral (www.fairness.ca)!

    Un politicien provincial ne peut pas promettre quoi que ce soit sur le plan constitutionnel. Parce que les changements ne dépendent pas uniquement de l'Assemblée nationale. C'est donc une question d'attitude. On arrivera à rien avec des politiciens qui ont comme but de sortir le Québec du Canada. Mais il y aurait moyen de travailler avec les autres provinces et proposer des réformes de bonne foi. C'est ce que l'ADQ pourrait faire.

    Mon commentaire sur le positionnement idéologique de l'ADQ :
    http://www.fruitmur.ca/2009/06/25/adq-positionnement-ideologique/

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