mardi 3 novembre 2009

Le balayage de l'Équipe Labeaume et la mort du RMQ : Ann Bourget en est la seule responsable et qu'est-ce qu'on fait, maintenant?








En démocratie, l’idolâtrie constitue le pire des péchés.

- Winston Churchill




Bien! Par où commencer?

En 1973,
Robert Bourassa a déclenché des élections québécoises pour prendre ses adversaires politiques de court. Les libéraux font élire 102 députés, le Parti québécois en fait élire 6 et les créditistes en font élire 2. L’Union nationale est rayée de la carte électorale.

Voici comment le chef du PQ, René Lévesque, avait réagi à ce raz-de-marée libéral :





Mes chers amis,

Sur la question du pouvoir, il était déjà attendu que les libéraux formeraient le gouvernement. Mais, dans l’
effondrement des tiers partis, il y a une chose qui est arrivée et qui est très grave pour une société démocratique. Ce gouvernement va avoir, pendant 4 ans, un pouvoir nettement exorbitant, un pouvoir démesuré. Il est très rare qu’un gouvernement aussi caricaturalement puissant, au Parlement, n’abuse pas de sa force.

Il faut espérer que le gouvernement libéral réussira, même si on n’a pas trop d’
illusions, à ne pas abuser de sa force. C’est ce qui nous empêche de nous réjouir du fait que, quand même, le Parti québécois, en deuxième période, si vous voulez, a réussi à obtenir cet objectif minimum qui fait de nous le seul parti d’opposition et, aussi, le seul parti à être reconnu à l’Assemblée nationale, après les libéraux.







Dimanche soir, je regardais les résultats des élections municipales dans ma ville de Québec et ces paroles me revenait à la mémoire, car, aujourd’hui, René Lévesque pourrait dire la même chose du raz-de-marée de l’Équipe Labeaume qui a eu lieu dimanche soir.

En 2005, voici comment était constitué le Conseil municipal de Québec :

Renouveau municipal de Québec : 24 conseillers

Action civique de Québec : 6 conseillers


Indépendants : 6 conseillers


Vision Québec : 1 conseiller


Mairie :
Andrée P. Boucher (indépendante)


De 2005 à 2007, le RMQ a formé l’Opposition officielle devant une mairesse Andrée Boucher
minoritaire. Or, ce parti s’est, rapidement, révélé être une Opposition officielle très classique qui s’oppose pour s’opposer. À la mort de la mairesse, en 2007, si le RMQ ne s’est pas pincé les lèvres de honte de ne pas avoir élu Régis Labeaume comme chef, 2 ans plus tôt, il aurait dû le faire, car l’élection de l’indépendant Régis Labeaume comme maire de Québec, à l’élection partielle à la mairie de Québec de 2007, marque le début de sa véritable descente aux enfers.

En 4 ans, 6 chefs se sont succédés au RMQ :
Jean-Paul L’Allier, Claude Larose, Ann Bourget, Jean-Marie Matte, Alain Loubier et Anne Beaulieu! Pour la stabilité, on repassera! Depuis 2007, des 24 conseillers qui ont été élus sous la bannière du RMQ en 2005, on ne compte plus les défections et les départs. Régis Labeaume, sa popularité et son succès ont sonné le glas du parti de Jean-Paul L’Allier. Le parti a tellement été désarçonné que Alain Loubier a préféré jeter l’éponge et de se retirer de la vie politique, plutôt que de subir une défaite humiliante contre celui qui aurait pu être élu comme étant le chef de son parti, 4 ans plus tôt. Si Ann Bourget n’avait pas comploté en secret avec Claude Larose pour bloquer Labeaume, lors de la course à la chefferie du RMQ, en 2005, Labeaume serait, sûrement, aujourd’hui, le chef du RMQ et le maire de Québec depuis 2005. Le désir de changement étant trop fort, à Québec, Ann Bourget n’a à s’en prendre qu’à elle-même pour la victoire de la mairesse Boucher en 2005, pour sa défaite personnelle en 2007, pour la déchéance que son parti a connu de 2007 à 2009 et pour la mort de son parti en 2009. Le blâme ne revient qu’à elle et à personne d’autres.


Labeaume était le seul à pouvoir reprendre à bout de bras le RMQ, après le départ de L’Allier. Dans le fond, le RMQ, par la faute de son ancienne cheffe, Ann Bourget, et par l’
orgueil idéologique dont elle a fait preuve, en 2005, n’a ce qu’il mérite. Tant pis pour lui! C’est, peut-être, un peu beaucoup à cause de ça, à cause de cette simple petite tache dans son Histoire, que le RMQ s’est fait ramasser à la p’tite cuillère, après s’être fait réduire en pièces, dimanche soir.



Depuis dimanche soir, le Conseil municipal de Québec est constitué comme suit :

Équipe Labeaume : 25 conseillers

Indépendants : 2 conseillers

Mairie : Régis Labeaume (Équipe Labeaume)

Aucun des
11 candidats que présentait le RMQ n’a été élu et il ne présentait aucun candidat au poste de maire. Le parti de Jean-Paul L’Allier est mort, c’est une évidence! Aucun parti n’a réussi à survivre à un balayage, après avoir connu le pouvoir et l’Opposition officielle. Le RMQ, l’ancien Rassemblement populaire, rejoindra, donc, bientôt, l’ACQ, Vision Québec, Option Capitale et le Progrès civique (le parti de Gilles Lamontagne et de Jean Pelletier) dans le cimetière de l’Histoire de la politique municipale de la ville de Québec, laissant la domination pleine et totale de la politique de notre ville à l’Équipe Labeaume!

Pour ce qui est du
Défi vert de Québec, il n’a pas réussi à lever, confirmant, ainsi, son statut de parti politique marginal! Je ne lui donne pas plus de 2 ans à vivre.


Au-delà de ce raz-de-marée d’
unanimisme politique qui semble souffler sur notre ville, je crois que nous devrions tous et toutes, en tant que citoyens et citoyennes de la ville de Québec, se poser la question suivante : comment fait-on pour préserver une vie démocratique saine, quand il n'y a pas d'opposition, hein?

J'imagine que les gens qui ont embarquer dans cet unanimisme labeaumesque ont dû penser à ce p'tit point (
insignifiant, bien sûr, mais ô combien important pareil) avant de créer un raz-de-marée en faveur de Labeaume. Alors, mes chers compatriotes de Québec, la vie démocratique de notre ville, on remplace ça par quoi, maintenant que l'administration municipale est plus que disproportionnée et que le Conseil municipal est plus que déséquilibré, hein?


Allez, répondez, on fait quoi, maintenant que Labeaume va pouvoir mettre en place sa
dictature, hein? Le seul point positif que je vois de ces résultats, c'est que le RMQ a mangé une calice de volée qui accélèrera sa mort (bon débarras!). Mais, à part de ça, j'aurais préféré qu'une dizaine d'indépendants soit élue pour faire contrepoids à Labeaume.

Là, j'ai l'impression de vivre en Corée du Nord. Jamais je ne me serai senti autant étranger dans ma propre ville que maintenant!

Jamais je n'aurais cru ça possible, mais je vis dans une ville qui est, dans les faits, une calice de dictature soft où tout est
téléguidé par la radio-poubelle! 25 conseillers pour Labeaume, le principal parti d'opposition est mort et tous les indépendants se sont fait battre, sauf deux qui ont résisté et cette situation-là ne semble inquiéter personne!

Disons que ça fait mal à ma ville, tout ça!

Qu'est-ce que vous pensez du genre d'opposition que l'on va avoir, pour les 4 prochaines années, avec juste 2 conseillers indépendants pour
challenger 25 conseillers labeaumistes, hein? Si c'est ça votre définition de la démocratie, je suis fier d'avoir voté pour le candidat indépendant qui se présentait dans mon district.

En passant, je répète que
l'Équipe Labeaume comprend 11 anciens membres du RMQ, soit 5 transfuges, 3 éconduits, 2 défroqués et, en prime, la pom-pom girl journalistique officielle de Jean-Paul L'Allier.

Le RMQ est peut-être mort, mais il est
ressuscité avec l'Équipe Labeaume. Si vous pensez que Québec vient de se débarrasser totalement du RMQ, je pense que vous ne savez pas lire et/ou comprendre un contexte politique et je dirais même que vous vous êtes faits avoir comme des bleus.


Le RMQ des L'Allier, Larose, Bourget, Loubier et autres est mort, mais vive le
clone du RMQ à la sauce Labeaume, hein, mes chers compatriotes de Québec? Finalement, Labeaume a réussi à devenir le chef du RMQ autrement, par hasard et par la force des choses, profitant d'une conjoncture qui lui était favorable : la mort de la mairesse Boucher et le succès du 400e!

Notez que je pourrais dire la même chose sur
ce qui s’est passé à Lévis, dimanche soir! Décidemment, Québec et Lévis semblent devenir comme les villes de L’Ancienne-Lorette, de Laval et de Saguenay : des dictatures à perpétuité, là où le pouvoir est centralisé autour d’une seule et même personne, soit le maire qui décide de tout, qui est le seul à penser pour tout le monde et qui est le seul qui sait ce qui est bien et ce qui est mal pour la «populace», dont le seul rôle se limite à voter aux 4 ans et à fermer sa gueule pendant 4 ans et c’est tout! Bref, plus on avance, plus on semble reculer! C’est, absolument, désolant, triste et inquiétant de voir cette forme de politique municipale loin des citoyen(ne)s gagner en popularité!

À Montréal

Je suis très déçu des résultats. Le maire Gérald Tremblay s’est vu confier un mandat très faible pour diriger une ville qui est déjà affaiblie par les scandales (ici et ici), la corruption, la collusion et la déchéance économique (ici et ici), alors qu’il n’a plus la crédibilité nécessaire et encore moins l’autorité morale pour faire le ménage qui doit être fait à l’Hôtel de Ville de Montréal.

Je vous invite à lire
la chronique de Yves Boisvert qui résume très bien ma pensée sur les résultats des élections municipales à Montréal.


Des bonnes nouvelles, malgré tout


Par contre, malgré le
statu quo à Montréal et la mise en place des dictatures de Québec et de Lévis, je suis très content de constater que les villes de Boisbriand et de Longueuil aient opté pour un changement qui s’annonce sain et salutaire pour elles. Ce fut, pour moi, mes rares moments de réjouissances, lors de ma soirée électorale de dimanche soir.





Lire aussi sur ce blogue


2 commentaires:

  1. Concernant Ann Bourget vous devez lire cet article sur Canoë. La blâmer est facile.

    RépondreSupprimer
  2. @ L'Astidastineux.

    Quel article sur Canoë?

    Si vous parler de celui qui dit qu'elle a été traitée inéquitablement, lors de l'élection partielle à la mairie de Québec de 2007, qu'elle n'est pas moins responsable de la mort de son parti en ayant magouillé avec Claude Larose pour écarter Régis Labeaume, lors de la course à la chefferie du RMQ de 2005, alors que Labeaume était le seul qui pouvait reprendre le RMQ en main, après le départ de Jean-Paul L'Allier.

    Si Bourget s'était abstenue de s'unir à Larose pour battre Labeaume, l'après L'Allier aurait, sûrement, été très différent, autant pour le RMQ que pour la ville de Québec.

    RépondreSupprimer