vendredi 7 août 2009

Il est impossible d'être, à la fois, souverainiste ET libertarien






C’est une affirmation que je me fais souvent servir par un bon nombre de libertariens, lors de mes débats sur la blogosphère, dès que ceux-ci concernent l’indépendance du Québec par rapport à mes valeurs libertariennes. Hé bien, j’ai envie de répondre à ces libertariens qui me disent, dans la plus totale incohérence avec leur volonté de pseudo-réduire la taille de l’État, qu’il est impossible d’être, à la fois, souverainiste ET libertarien.


Le texte qui suit a été écrit par un certain Dominic Perron sur
le site du Québécois libre le 15 juin 2005. Ce texte est toujours d’actualité aujourd’hui, malgré qu’il faille se replacer un peu dans le contexte politique de l’époque pour les deux premiers paragraphes.




AU QUÉBEC, PEUT-ON ÊTRE INDÉPENDANTISTE ET LIBERTARIEN?

par Dominic Perron


Depuis quelques semaines, le spectre de l'indépendance du Québec est réapparu dans les médias québécois. Alimenté par la Commission Gomery et les déboires du Parti libéral du Canada, les nationalistes québécois s'activent de nouveau à mousser leur vision d'un Québec indépendant.

Ce regain de vie du mouvement indépendantiste s'inscrit dans
la conjoncture politique canadienne et québécoise du moment. Sur la scène fédérale, les déboires du Parti libéral du Canada ouvrent toutes grandes les portes du pouvoir au Parti conservateur du Canada, très impopulaire au Québec pour son conservatisme moral. Quant au Bloc québécois, il est en bonne position pour rafler la majorité des sièges au Québec. Sur la scène provinciale, le mécontentement généralisé de la population envers le gouvernement Charest trace la voie à un retour victorieux du Parti québécois à la prochaine élection. Pour plusieurs, nous sommes présentement en présence des fameuses conditions gagnantes à l'indépendance du Québec.

À titre personnel, je me questionne sur l'approche à adopter concernant
la question nationale au Québec. Peut-on être à la fois indépendantiste et libertarien? Selon Martin Masse, ces deux idéologies sont contradictoires. D'ailleurs, à ce propos, plusieurs libertariens rejettent le projet indépendantiste. Monsieur Masse soulève l'argument que ce projet «[…] vise essentiellement à imposer un État québécois plus fort, plus interventionniste et plus répressif sur le plan linguistique et culturel envers ceux qui ne cadrent pas dans la définition nationaliste de l'identité québécoise.»(1). Il entretient le même discours en ce qui concerne le fédéralisme canadien : «Cela dit, les libertariens ne sont pas, non plus, de fervents patriotes fédéralistes et ils rejettent, de la même façon, le nationalisme et le protectionnisme canadiens, de même que l'interventionnisme et la tyrannie administrative de l'État fédéral […]». Certes, à cet égard, il serait difficile de taxer monsieur Masse de favoritisme.

Le traitement de la question nationale devrait avoir préséance sur la majorité des
problématiques. Le statu quo au Canada/Québec, quant à l'impasse constitutionnelle qui persiste depuis 1995, empêche la population canadienne et québécoise de passer à autre chose. Par contre, monsieur Masse et les libertariens s'intéressent peu à cette question. À mon avis, mettre de côté cette problématique, c'est la nier! Par ailleurs, à cet égard, en ne prenant pas position entre le fédéralisme canadien et le projet indépendantiste québécois, ils préconisent, sans nécessairement le vouloir, la survie du système en place. L'inaction et le refus de prendre position favorisent, donc, le fédéralisme canadien.


Certes, dans l'éventualité d'un Québec indépendant, le Parti québécois mousserait, inévitablement, sa vision d'un État interventionniste et, effectivement, répressif à plusieurs égards. Tout comme monsieur Masse, je m'inquiète de cet aspect. Par contre, je crois que cette vision est réductrice et nous oriente mal, quant à la véritable problématique. Monsieur Masse soulève un point important : «le but n'est pas de choisir entre deux États qui briment, plus ou moins, autant notre liberté, mais bien de réduire le plus possible le rôle des deux.»(2). Ce souhait me semble
utopique. Quand même bien que le Québec se doterait d'un gouvernement qui désengagerait de façon importante l'État québécois, ses actions seraient rapidement contrecarrées par le gouvernement fédéral.


Dans cette optique, ma crainte serait de voir le gouvernement fédéral
centraliser davantage les pouvoirs à Ottawa en s'accaparant ceux délaissés par le Québec. Je me questionne à savoir pourquoi ne devrions-nous pas opter pour un seul État qui nous brime, soit le Québec, plutôt que pour deux États qui nous briment? Présentement, deux paliers de gouvernement tentent de s'accaparer le plus de pouvoirs possibles. Les forces libertariennes s'activent à combattre deux entités bien établies. C'est David contre Goliath! Travailler au sein du Québec comme pays ne permettrait-il pas de concentrer toutes les forces disponibles et d'obtenir des gains substantiels? Ce n'est pas une épée de Damoclès qui guette actuellement les libertariens, mais deux!

De plus, dans l'éventualité d'un Québec indépendant,
la démocratie que l'on connaît au Québec ne serait pas abolie. Les partis politiques de toutes les allégeances politiques seraient légaux. Rien n'empêcherait un parti politique de travailler à la réduction du rôle de l'État! Certes, le Parti québécois peut être répressif. Par contre, on est loin de la dictature!

Au Québec, la question nationale soulève les passions.
La Révolution tranquille a consacré la montée du nationalisme québécois, tel que nous le connaissons aujourd’hui. Par contre, l'idée d'indépendance du peuple canadien-français n'a pas vu le jour sous la Révolution tranquille : «[…] cette idée peut être retracée aussi loin que l'installation du régime britannique, suivant la Conquête anglo-américaine du Canada français, en 1760.»(3). À mon avis, l'indépendance du Québec est inéluctable. Maintes fois la mort du projet indépendantiste a été annoncée! Pourtant, il se perpétue de génération en génération.

Cela dit, j'adhère, personnellement, à plusieurs valeurs libertariennes. Par contre, concernant le thème de la question nationale, je suis convaincu que nous pouvons être, à la fois, indépendantiste et libertarien. À cet égard, je pourrais entretenir les mêmes valeurs libertariennes dans un Québec indépendant, tout comme au Canada. Est-ce que la problématique de la question nationale irait au-delà du libertarianisme? Permettez-moi d'y croire!



Dominic Perron est bachelier en Histoire avec une discipline complémentaire en sociologie à l'Université du Québec à Montréal. Il habite Montréal.



1. Martin Masse, «Libertin, libertaire, libertarien», Le Québécois libre, 4 décembre 1999 (page consultée le 8 mai 2005).


2.
Ibid.



7 commentaires:

  1. Votre blogue m'intéresse, un indépendantiste libertarien, je vous inscris à mon agrégateur du blogue-trotteur juste pour voir si .....

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  2. Le problème est que l'option indépendantiste au Québec n'est «offerte» que par le PQ.
    Et être libertarien dans le PQ, c'est plutôt difficile...

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  3. C'est effectivement très possible comme le contraire est vrai. Évidemment, les gens font souvent l'erreur d'assumer que si la majorité des gens pensent de telle ou telle façon que cela devrait être obligatoirement incorporé dans le courant de pensée ce qui n'a rien de plus faux.

    Être libertarien, c'est avant tout la liberté de pensée alors si la censure et le dogmatisme devienne présents dans les discours des gens, on est plutôt loin du compte.

    Encore là, le point central selon moi est le suivant: ne pas forcer ni chercher à convaincre personne (du moins je parle des gens qui ont déjà pesé le pour et le contre et fait leurs choix) et pour cela, le compromis le plus raisonnable que j'ai pu trouver est la partition du Québec.

    Par contre, j'examine une autre voix qui devra faire appel aux séparatistes des autres provinces. Pour cela, il faut sortir de son petit cocon et briser la barrière de la langue et ce ne sera pas facile à envisager pour certains nationalistes à l'esprit plutôt étroit.

    Keep on the good work JLP!!!

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  4. Francois, l'option vous est offerte si vous les libertariens indépendantistes le voulez fortement. Faites comme le SPQ-Libre et faites vous entendre sans démolir le chef peut importe si vous l'aimez ou pas.

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  5. Est-ce que ce sera le premier chef de parti libertarien de l'Histoire du Québec?

    tinyurl.com/nr6gmv

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  6. http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/carrefour/200908/10/01-891268-pq-et-bloc-ont-exclu-la-droite-du-projet-de-souverainete.php

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  7. @ Anonyme 1.

    Peut-être! Mais, Plante n'est pas souverainiste.

    @ Anonyme 2.

    Ton lien est l'opinion d'une citoyenne ordinaire qui est une anti-souverainiste primaire. Je le sais, car je lis souvent les textes d'opinion de cette Julie St-Hillaire dans le Courrier des lecteurs du Soleil et du Journal de Québec.

    Si tu veux prouver ton point qui veut que la souveraineté est un projet gau-gauchiste étatiste, trouve autre chose d'un peu plus crédible!

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