lundi 22 décembre 2008

Je m'ennuie de Stéphane Dion

Ignatieff et le Québec

Joseph Facal
17/12/08 10h32


Michael Ignatieff a beaucoup écrit sur le Québec. Je vous le dis, ça promet.

«Le Canada, écrit-il, a toujours su trouver le moyen d'assurer la coexistence pacifique et la prospérité d'ethnies, voire de nations différentes.» Et il ne traîne pas non plus de «lourd bagage colonial».

C'est à se demander pourquoi le Québec persiste à chialer et pourquoi la reine d'Angleterre est toujours le chef de l'État canadien, non ?

Le Canada est issu d'une «négociation entre trois peuples : les Anglais, les Français et les autochtones». Ces derniers seront sans doute heureux d'apprendre qu'ils furent consultés en 1867...

Seuls des individus totalement aveuglés par leur idéologie pourraient donc ne pas partager son émerveillement.

AVEUGLEMENT

Et comme de raison, le nationalisme est une «sorte de narcissisme», doublé d'une «fiction qui exige la suspension volontaire du jugement». Sauf le nationalisme canadien, évidemment.

Dans le cas des souverainistes québécois, c'est un narcissisme qui repose sur une volonté «d'assurer la domination ethnique» d'un groupe et qui s'enracine dans «un mythe des origines».

Trouver qu'il y a de sérieux avantages à être une majorité plutôt qu'une minorité est donc irrationnel! Et qu'aux francophones de souche se soient joints des immigrants du monde entier est un détail.

Vigilance donc, car : «Est-ce que la Cour suprême d'un Québec souverain ferait un travail équivalent (à celui de la Cour suprême du Canada) pour protéger les droits linguistiques et culturels des minorités non-francophones?» Une chance que les tribunaux fédéraux sont là pour protéger les minorités de la tyrannie possible de la majorité francophone.

BOUM!

Remarquez, quand on connaît les origines du mouvement souverainiste québécois, on est en droit de se poser la question! «It all began in 1963 when a bomb was left in a letter box in Westmount.»

Pour Ignatieff, le mouvement souverainiste commence donc avec le FLQ. Ce qui justifie la fermeté : «Le pouvoir fédéral ne peut plus céder, et j'ai l'impression que d'autres concessions ne nous gagneraient rien.»

Toute la classe politique du Québec, dit-il, vit, «dans une bulle d'illusions, et quelqu'un doit crever cette bulle». Ce sera lui, et tout est dans nos têtes.

Dans le monde d'aujourd'hui, l'accession à la souveraineté n'est acceptable que dans une circonstance : «Le souvenir récent et précis du sang versé est vraiment le seul critère qui légitime le soutien international aux prétentions d'une minorité à l'autodétermination.»

FLASH-BACK

De toute façon, de quoi pourraient bien se plaindre ces «Québécois, casquette de baseball sur la tête, installés dans leur Cherokee ou Winnebago, avec en sourdine de la musique country»?

On peut cependant comprendre, concède- t-il, la frustration d'un peuple rétrogradé de sa «condition de peuple fondateur d'une république fédérale à une minorité ethnique soumise à l'autorité de la majorité». Mais il parlait ici... des Serbes de Croatie.

Livre après livre et avant de faire le saut chez les libéraux fédéraux, Ignatieff nous présente le Canada comme un phare de vertu pour l'humanité entière, qu'il faut protéger à tout prix contre les hordes fanatisées du nationalisme ethnique. Finies les folies!

Ça ne vous rappelle pas quelqu'un?

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