Lettre ouverte
J’accuse la FFQ de trahir le combat des femmes
Djemila Benhabib
sisyphe.org
lundi 11 mai 2009
Gatineau, lundi 11 mai 2009
Fortement épaulée par des représentantes du Conseil islamique canadien et de Présence musulmane, la Fédération des femmes du Québec (FFQ) vient d’adopter une résolution banalisant le port du voile islamique dans les institutions publiques québécoises, lors d’une assemblée générale spéciale qui s’est déroulé à l’Université Laval, le 9 mai dernier, et à laquelle j’ai assisté en qualité d’observatrice. Il y a des alliances et des prises de position qui minent les principes. Avec cette dernière, la crédibilité de la FFQ est sérieusement entachée. Pour une poignée de militantes islamistes, la FFQ a sacrifié des millions de femmes musulmanes qui se battent au péril de leur vie. Aujourd’hui, il n’y a qu’un verbe qui tourne en boucle dans ma tête : j’accuse!
J’accuse la FFQ de trahir la lutte historique des femmes d’ici pour se débarrasser de l’hégémonie de l’Église catholique ;
J’accuse la FFQ de mettre un bâillon, (encore un!), sur la bouche de toutes celles qui, dans le monde, subissent dans leur chair la barbarie des régimes oppressifs musulmans qui les obligent à porter ce linceul de la mort ;
J’accuse la FFQ de compromission avec des mouvements politiques des plus rétrogrades, tels que le Conseil islamique canadien, qui a mené une campagne acharnée pour l’instauration des tribunaux islamiques en Ontario, ou encore Présence musulmane, qui fait la promotion des thèses de Tariq Ramadan, qui prône un «moratoire» sur la lapidation des femmes adultères, un châtiment préconisé par la charia islamique. Un moratoire…???
Le 28 février 1994, Katia Bengana, une jeune lycéenne de 17 ans, fut sauvagement assassinée par le Groupe islamique armée (GIA) qui avait imposé aux femmes de mon pays, l’Algérie, l’obligation de porter le voile islamique. Katia était de cette trempe de femmes qui ne courbent pas l’échine et c’était en connaissance de cause qu’elle sortit de chez-elle la tête nue. Ce jour-là, j’ai compris qu’être femme avait un prix. J’avais 21 ans. Alors qu’à cet âge, en général, on rêve de mille et une fantaisies, moi, je ne rêvais que de sauver ma peau. Ce jour-là, j’ai compris aussi que le combat pour la liberté et l’émancipation des femmes était l’un des plus périlleux. Cependant, j’étais loin de m’imaginer que cet engagement aussi ardu soit-il allait être aussi solitaire.
Le 9 mai dernier, lorsque j’ai rappelé l’assassinat de Katia et celui de Aqsa Parvez à Toronto, cette jeune fille de 16 ans assassinée par son père le 11 décembre 2007, parce qu’elle refusait le port du voile islamique, on me signifia que mon combat était émotif. Certaines participantes m’ont même accusée de venir me faire du capital politique. C’est bien étrange, mais personne ne fit la même remarque à des participantes du NPD et de Québec solidaire candidates aux dernières élections. Personne ne trouva rien à dire quant à la participation de Présence musulmane ni à celle du Congrès islamique canadien! Bref, personne n’était là pour des raisons politiques…sauf moi!
À ma grande surprise, très peu de temps a été consacré à débattre des questions de fond, tels que la portée et la signification du voile islamique, la laïcité, les droits et les devoirs des commis de l’État et la situation des femmes dans le monde. Sur ce chapitre, heureusement que trois femmes iraniennes ont rappelé le cauchemar que vivent leurs compatriotes depuis l’imposition du voile islamique par Khomeiny et sa Révolution islamique en 1979. Bien qu’il ait été beaucoup question des femmes arabo-musulmanes lors de cette rencontre, seule la propagande des femmes islamistes dominait. Quel bel exemple de diversité et de pluralité! C’est à croire que la pensée unique est devenue la norme à la FFQ. Quelle tristesse!
Combien de Aqsa Parvez faudra-t-il encore pour qu’enfin la FFQ comprenne que la bataille pour la liberté se déroule aussi ici même, dans notre pays, au sein de nombreuses familles musulmanes? Que vaut le sang de ces jeunes filles et de ces femmes? Pour la FFQ, certainement pas grand chose!
Djemila Benhabib
Auteure de Ma vie à contre-Coran
lundi 11 mai 2009
Le fémi-fascisme est-il un synonyme de l'islamisme?
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Ce que cette dame revendique c'est que l'État interdise le port du voile islamique. Selon la compréhension que j'en ai, la philosophie libertarienne s'oppose à ce genre d'intervention étatique dans la vie des gens.
RépondreSupprimerPour être conséquent et logique avec ton orientation politique tu devrais t'opposer à cette revendication peu importe ta perception de l'islam et de l'islamisme.
Internationaliste
@ Internationaliste.
RépondreSupprimerLe libertarianisme est une idéologie qui peut être interprêtée de bien des façons et ses adeptes peuvent adhérer aux doctrines libertariennes qu'ils veulent.
Certains adhèrent à 100% des idées libertariennes, d'autres à 75%, d'autres à 50%, d'autres à 25%. Peu importe, si ils croient au message véhiculé dans cette idéologie, soit la liberté, ils sont libertariens.
Le libertarianisme a deux branches : le minarchisme (l'État ne doit s'occuper que de ses fonctions régaliennes) et l'anarcho-capitalisme (l'État n'a aucune légitimité, seul le capitalisme en a).
Personnellement, je suis plus de cette branche minarchiste qui considère que l'État n'a pas à s'occuper d'économie ou de dire à ses citoyens comment vivre leur vie, mais qui ne renie pas la compétence de l'État à s'occuper de ses fonctions régaliennes (sécurité, police, justice).
Le libertarianisme est économiquement de droite et socialement de gauche. Je vais sûrement t'apprendre quelque chose en te disant que le libertarianisme est la gauche des Lumières. C'est la gauche originale, avant que les socialistes de ton espèce s'accaparent le terme.
Pour Djemila Benhabib, relis le texte et tu comprendras que le voile islamique et l'islamisme sont l'anti-thèse de la liberté! L'intervention de l'État est bénéfique, si et seulement si c'est pour donner une nouvelle liberté aux citoyens. Toute autre intervention étatique dans les fonctions non-régaliennes est illégitime.
N'empêche que de réclamer l'intervention de l'État dans ce domaine, surtout de la part de quelqu'un qui se dit "anti-étatiste" me paraît surprenante.
RépondreSupprimerPour ma part je suis ambivalent sur cette question. Je ne pense pas que refuser un emploi à une femme portant le voile soit une bonne méthode d'intégration. En même temps il faut selon des campagnes d'éducation sur cette question pour sensibiliser en particulier les jeunes filles musulmanes au fait que le port du voile représente un symbole de soumission. En bref c'est un dossier délicat qui demande bien des réflexions et des analyses.
Internationaliste