Option nationale : le plaisir des marges!!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans le cadre de la campagne électorale québécoise, le sociologue Mathieu Bock-Côté se livre à une analyse de la situation des partis politiques!!! En 2012, j'avais fait cet exercice et, cette année, mon analyse est, pratiquement, la même que celle de Bock-Côté!!! Alors, je vous la présente!!! Dans ce billet, je vous présente son analyse de Option nationale!!! Elle a été publiée, le 14 mars 2014!!!

Bonne lecture!!!

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La démission de Jean-Martin Aussant, en juin 2013, a réglé le sort de Option nationale (ON)!!! Mais, apparemment, ses militants ne le savent pas encore!!! Aussant était parvenu à dégager un espace pour un courant politique qui, depuis le dernier référendum, se perdait en mouvements qui sont éphémères et en organisations qui sont improvisées!!! Il n’a pas créé ce courant, mais il l’a sorti de la marginalité, il l’a transfiguré et il l'a défolkorisé, ce qui lui permettait de rejoindre, non seulement, des militants indépendantistes qui étaient déçus du PQ, mais aussi des électeurs souverainistes qui étaient à la recherche d’une alternative politique!!! En quittant la politique, il l’a, toutefois, condamné à retourner dans les marges!!!

Qu’en est-il de Option nationale, aujourd’hui??? ON se présente comme étant le gardien de la cause indépendantiste!!! On peut comprendre ce qui a amené certaines personnes à croire en la nécessité d'un tel parti!!! Pendant longtemps, le PQ a semblé ne plus trop savoir quoi faire de son option!!! On tenait un discours pour les militants et on en tenait un autre discours pour les électeurs!!! Et, il arrivait que les deux discours soient contradictoires!!! Aux premiers, on rappelait l’urgence du pays!!! Aux deuxièmes, on expliquait que la chose pouvait attendre et qu’un gouvernement péquiste ferait la preuve de son sérieux, en gérant la province et en reportant, à une échéance qui était imprécise, un prochain référendum!!!

Qu’on se comprenne bien!!! Ça ne voulait, évidemment, pas dire que les péquistes n’étaient pas de «vrais souverainistes»!!! Mais, ils n’avaient pas de politique indépendantiste!!! Entre les jours qui étaient ordinaires de la gestion tranquille de la province et le grand soir référendaire qui était fantasmé, il ne se passerait rien!!! Certaines personnes y verront un héritage de la doctrine du bon gouvernement, qui remonte aux années 1970, quand les souverainistes, pour gagner en crédibilité électorale, ont cru devoir faire la preuve qu’ils savaient bien administrer une province et que, en en faisant la preuve, ils convaincraient la population de les suivre, vers l’indépendance!!!

Toutefois, le fait est que l'on ne rembobine pas l'Histoire et qu’un parti qui prétendrait dédaigner la gestion des affaires, en se concentrant, exclusivement, sur le référendum qui serait à venir, serait, naturellement, dédaigné par l’électorat!!! Il faut un programme de gouvernement, serait-il concentré sur l’essentiel, si il devait conduire à un référendum qui serait rapide!!! On ajoutera que, après une défaite référendaire, on peut, difficilement, faire comme si rien ne s’était passé et exiger, dans les mois qui suivent, une nouvelle consultation populaire sur la question!!! Un peuple qui échoue dans sa libération est appelé, pendant quelques années, à se replier sur ses intérêts qui sont vitaux, pour assurer leur préservation!!!

Pourtant, il faut convenir que les choses ont changé et que le Parti québécois a renoué, depuis quelques années, avec un nationalisme qui est vigoureux et qui a commencé à s’affranchir des inhibitions idéologiques qui étaient héritées de la culture politique post-référendaire!!! On peut être pour ou contre la Charte des valeurs québécoises et la stratégie identitaire!!! Néanmoins, on doit convenir qu’elle représentait un défi ouvert au régime de 1982 et au multiculturalisme canadien!!! Autrement dit, le PQ s’est, en bonne partie, délivré de la peur d’avoir peur!!! Ceux qui accusent le PQ de pratiquer un nationalisme de façade n’ont, manifestement, pas suivi l’actualité des derniers mois!!! Au contraire, il a ouvert le procès du régime canadien!!!

Évidemment, il revient de loin et son argumentaire souverainiste s’en ressent, comme on l’a constaté, ces jours-ci, lorsque la souveraineté s’est imposée, dans la campagne électorale!!! Les leaders péquistes ont renoué avec les fondamentaux du nationalisme!!! Mais, la réflexion, qui est, évidemment, vitale, sur la réalisation de l’indépendance, sur la fondation d’un nouvel État et sur la transition du statut de province à celui de pays, n’a pas été mise à jour, depuis des années!!! Rien n’est parfait, dans ce monde!!! Mais, comment nier qu’il soit sur la bonne voie??? Et, comment ne pas voir qu’il abrite, en ce moment même, une coalition souverainiste qui est en pleine renaissance et qui autorise bien des espoirs, même ceux qui sont les plus grands!!!

À moins de souhaiter la tenue d’un référendum, alors que les sondages créditent l’indépendance d’à peine 40% des votes, que souhaitent vraiment les militants de Option nationale??? C’est un peu comme si ON, finalement, s’était laissé piéger par le «référendisme», à savoir que celui qui ne promet pas un référendum est considéré comme étant infidèle à la cause!!! C’est, évidemment, absurde!!! On tient un référendum, quand on peut le gagner!!! Et, c’est moins en menant un exercice professoral qu’en menant une politique nationaliste qui révèle les limites qui sont objectives du cadre canadien pour la défense des intérêts qui sont vitaux du Québec que l'on pourra vraiment convaincre l’opinion publique de la nécessité de l’indépendance!!! On en revient, encore une fois, à la Charte des valeurs québécoises et à la stratégie identitaire!!!

On note que Option nationale est, d’abord et avant tout, un «parti de jeunes»!!! C’est l'une de ses vertus!!! Sur les campus, il convertit à l’indépendance la nouvelle génération et il attire des militants de grande qualité!!! Mais, voyons, plus largement!!! Actuellement, il y a deux courants qui se croisent, à Option nationale!!! D’un côté, on retrouve des indépendantistes qui considèrent que le PQ a échoué dans la poursuite du pays!!! Ils se retrouvaient, pour la plupart, derrière la candidature de Nic Payne, lors de la récente course à la direction de ce parti!!! De l’autre côté, on retrouve une frange de la génération «carré rouge», qui a découvert son souverainisme, en naissant à la politique, mais qui est imprégnée d’un sentiment contestataire et qui ne saurait se reconnaître dans un classique «parti de gouvernement»!!! Ce sont eux, aujourd’hui, qui semblent exercer leur hégémonie sur ce parti!!!

Ce sont ces derniers qui, pour l’essentiel, ont souhaité, ces dernières semaines, voir leur parti collaborer avec Québec solidaire, comme si les militants radicaux de tous les partis finissent, naturellement, par converger et comme si ils partageaient un même rapport au monde!!! Le pouvoir est sale, l’utopie est belle et la contestation de la société est la seule manière d’être intègre en politique!!! Ce mariage est étrange!!! D'un côté, des militants ON disent n’être là que pour l’indépendance!!! De l’autre côté, des militants de QS conditionnent l’indépendance à la gauche et ils ne la croient pas désirable, si elle n’aboutit pas à la société qui est idéale et à laquelle ils rêvent!!!

Dans un espace politique qui était en éclatement, ON jouait un rôle qui était particulier!!! Si le PQ avait éclaté, il aurait pu participer à la recomposition du mouvement indépendantiste!!! Mais, l'Histoire s’est jouée, autrement!!! Dans la mesure où le bipartisme reprend ses droits, ce parti n’occupera plus qu’une position qui sera résiduelle et il risque, au fil du temps, de n’attirer que les militants qui sont tentés, en soi, par la radicalité politique et qui sont incapables de s’imaginer dans les rangs d’un parti de gouvernement, même si on les y invitait à jouer le rôle de la frange qui serait la plus activiste!!! Il n’est pas impensable, toutefois, que les militants nationalistes de ON fassent, peu à peu, le passage au PQ!!! Souvent, les mouvements de jeunesse qui sont plus radicaux fournissent, quelques années plus tard, aux partis de gouvernement leurs militants qui sont les plus qualifiés et leurs cadres qui sont les plus structurés!!!

Pour l’instant, il faut rappeler une chose qui est simple!!! À Ottawa, on ne craint pas que ON fasse 2% des votes ou 3% des votes, mais bien que le PQ prenne le pouvoir!!! Et, c’est quand une personnalité qui est majeure se rallie au PQ que les fédéralistes font une crise d’urticaire!!! Il faut une imagination qui est singulière pour s’imaginer qu’un parti qui est condamné aux marges politiques contribue, significativement, à la lutte pour l’indépendance!!! En politique, le contexte pèse beaucoup!!! Si jamais, dans quatre comtés ou dans cinq comtés, le vote pour ON suffisait à couler le PQ et à le priver d’une majorité et, peut-être, même d’un gouvernement tout court, ses militants considéreraient-ils ça comme étant une victoire???