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«L'union fatale» entre les souverainistes et la gauche!!!
Député
du Parti québécois dans Sainte-Marie-Saint-Jacques de 2006 à 2012,
Martin Lemay s’est engagé, depuis sa retraite de la vie politique,
dans une «vie d’écriture»!!! Auteur, en 2013, d'un livre qui
s'intitule «Lettre à un jeune gauchiste», il a consacré son
deuxième livre qui s'intitule «L’union fatale» et qui vient tout
juste de paraître aux éditions Accent grave, à une critique qui
est très sévère des liens qui existe entre la «gauche
progressiste» et le mouvement indépendantiste québécois!!! Le
sociologue Mathieu Bock-Côté a réalisé une entrevue, avec lui,
sur les grandes thèses qui sont contenues, dans son ouvrage!!! Aux
débuts d'une campagne électorale québécoise anticipée dont le
scrutin aura lieu le 7 avril prochain, je crois que cette entrevue
met la table, si on veut qu'un certain changement voit le jour, non
seulement dans le mouvement indépendantiste québécois, mais,
aussi, dans toute la classe politique québécoise!!! J'aurai,
amplement, l'occasion d'y revenir!!!
Mathieu
Bock-Côté : Vous publiez, ces jours-ci, «L’Union fatale»!!!
Vous y critiquez le détournement du mouvement indépendantiste, par
la gauche!!! Si on vous lit bien, le mouvement national, au Québec,
se serait fait instrumentaliser!!! Vous en appelez aussi à une
refondation du projet souverainiste, dans un esprit de coalition!!!
L’indépendance ne doit appartenir, ni à un camp, ni à un
autre!!! Mais, je me demande une chose : de quelle gauche
parlez-vous??? Je suis le premier à dire que le mouvement
souverainiste doit s’ouvrir «sur sa droite»!!! Il ne doit pas,
pour autant, oublier ses appuis «à gauche»!!! En fait, il doit
être guidé par le principe de coalition et du rassemblement
national!!! Distinguez-vous entre la gauche social-démocrate de
gouvernement et la gauche radicale??? Comment, selon-vous, peut-on
rassembler la gauche et la droite, autour du projet national??? Et,
croyez-vous que la chose soit possible???
Ceci
étant dit, à mon avis, le mouvement indépendantiste doit recréer
une nouvelle coalition politique, en se recentrant, et ce recentrage
devra, impérativement, inclure les sociaux-démocrates!!! Dans un
monde qui est idéal, je souhaiterais, toutefois, que ceux-ci
modernisent leurs idées!!! Après tout, nous ne sommes plus en 1980
et encore moins en 1960, mais bien en 2014!!! Le Québec et le monde
ont, profondément, changé, depuis 50 ans!!! Il serait grand temps
qu’ils en prennent acte et qu’ils en tirent les conséquences!!!
Comment ne pas avoir remarqué que les leaders sociaux-démocrates se
sont rapprochés de la gauche radicale, en prônant, par exemple,
l’égalité radicale??? Ils ont oublié que ce sont les individus
qui sont, ultimement, les maîtres de leur destin et non pas
l’État-Providence, aussi bien intentionné soit-il!!! Les
sociaux-démocrates québécois auraient intérêts à s’inspirer
des peuples scandinaves et du peuple allemand qui ont pu réformer
leur modèle, en mobilisant les acteurs sociaux, les acteurs
économiques et les acteurs politiques!!! C’est, justement, là que
les sociaux démocrates et que les indépendantistes peuvent se
rejoindre, soit en partageant une même volonté de modernisation!!!
Pour
ce qui est de la gauche radicale, ses adeptes ont le choix de
s’investir à Québec solidaire, ce qui permet, justement, au
mouvement indépendantiste, de se recentrer!!! À ce propos, je ne
suis pas sans trouver étrange qu’il fasse tant d’efforts pour
garder, en son sein, quelques gauchistes radicaux, tout en
abandonnant, sans état d’âme, les électeurs qui sont plus
centristes ou qui sont plus à droite!!! Il reste que, à l’occasion
d’un futur référendum, rien n’empêchera le Comité du OUI
d’inviter QS à s’investir dans son organisation-«parapluie»,
comme ce fut, d’ailleurs, le cas, lors du référendum de 1995,
avec l’ADQ!!!
Mathieu
Bock-Côté : Vous êtes sévère envers la social-démocratie, à
laquelle vous reprochez de déresponsabiliser ceux qui vivent sous
son règne!!! Elle fabriquerait des individus qui dépendent de
l’État et qui sont peu soucieux de l’avenir!!! Surtout, pour
vous, la social-démocratie appartiendrait à une autre époque,
autrement dit, et vous nous invitez à cesser de nous vouer au «tout
à l’État»!!! Mais, vous n’êtes, évidemment, pas un
libertarien ou un partisan du minimalisme étatique, comme si
l’effacement du politique était la condition d’une société
d’individus qui seraient libres!!! Quelle philosophie sociale ou
quelle philosophie politique devrait, selon vous, commander notre
rapport à l’État??? Dans quelle perspective les souverainistes
eux-mêmes devraient-ils envisager l’État québécois???
Martin
Lemay : Je veux être très clair : politiquement et idéologiquement,
je suis aussi éloigné de la droite libertaire que je peux l’être
de la gauche radicale!!! Le problème qui est fondamental que j’ai
avec les sociaux-démocrates est que ceux-ci n’ont de cesse de se
référer à l’État à la moindre contrariété!!! C’est ce qui
explique, entre autres, notre immense dette publique, une
bureaucratisation qui est excessive et, il faut le dire, une
déresponsabilisation des individus et des communautés!!! En un mot,
l’État-Providence a été détourné de son sens!!! Je
m’explique!!! Pour moi, le concept de l’État-Providence renvoie
à une obligation de moyens pour instaurer la justice sociale et
l’égalité des chances, comme, par exemple, un accès à
l’éducation ou à des soins de santé à des coûts qui sont
raisonnables!!! Vous l’aurez, sans doute, remarqué : je ne parle
pas de gratuité, ici!!! Je parle de coûts qui sont raisonnables!!!
Ce rêve de gratuité, en toutes circonstances, est, d’ailleurs, un
autre défaut des sociaux-démocrates!!! J’ai des petites
nouvelles, pour eux : il n’y a rien de gratuit, en ce bas monde,
d’autant plus que les coûts des services publics augmentent,
d’année en année!!! Or, il se trouve que, le temps passant, cette
obligation de moyens s’est transformée en une obligation de
résultats!!! En d’autres termes, en 2014, au Québec, c’est
l’État qui est responsable du décrochage scolaire et non les
parents, c’est l’État qui est responsable de la qualité des
soins de santé et non les médecins et les administrateurs et c’est
l’État qui est responsable de gérer les urgences, la circulation
automobile, d’offrir des petits déjeuners aux enfants, de
réglementer, dans les moindres détails, la constructions des
immeubles, de veiller à ce que les consommateurs ne s’endettent
pas, des garderies, des résidences des aînés, etc.!!! Je pourrais
continuer, pendant plusieurs pages, cette litanie d’un État qui
est, de plus en plus, responsable et d’individus qui le sont, de
moins en moins!!! J’ajoute même ceci, quitte à me faire lancer
des roches : dans le Québec d’aujourd’hui, la pauvreté a le dos
large!!! Mes grands-parents ont colonisé l’Abitibi-Témiscamingue
et la vie y était, évidemment, très dure!!! Malgré tout, leurs
enfants, mes oncles et mes tantes n’ont jamais manqué de
nourriture et ils devaient, du moins, pendant leur jeunesse, aller à
l’école!!! Ce genre d’histoire de familles qui sont pauvres et
qui savent se débrouiller, avec peu de moyens, est monnaie courante,
au Québec!!! Par conséquent, si la pauvreté peut constituer un
frein qui est réel au développement individuel et au développement
collectif, elle n’explique pas tout!!!
En
ce qui concerne l’État, j’y vois deux types de rôles!!!
D’abord, il a, évidemment, le devoir d’implanter les décisions
gouvernementales, que ce soit en éducation, en immigration, en
relations internationales et en développement économique!!! Par
contre, je suis aussi d’avis que l’État et que le gouvernement
devraient plus souvent faire appel au privé (à but lucratif ou
non), et ce, pour des raisons d’efficacité, ainsi que dans un but
d’économies!!! Ces notions ne reposent pas tant sur une idéologie
que sur la conviction que nous n’avons, tout simplement, plus les
moyens de nos ambitions!!! Est-ce que l’accès à des soins de
santé de qualité doit, nécessairement, s’appuyer sur une
bureaucratie qui est digne de l’ancienne URSS??? Je ne le crois
pas!!! Qu’on le veuille ou non et que l’on soit de droite ou de
gauche, la prudence budgétaire est appelée à devenir un des sujets
qui sont les plus importants de notre époque!!! En réalité, ces
enjeux budgétaires masquent notre façon qui est bien singulière
(que ce soit par égoïsme ou par aveuglement) d’envisager
l’héritage que nous laisserons aux futures générations!!! De ce
seul point de vue, ce n’est pas jojo!!! Et, là, la vérité
m’explose en plein visage!!! Pour certaines personnes, l’union
qui existe entre le mouvement indépendantiste et la gauche
progressiste aurait pour avantage de rassembler les soi-disant
progressistes!!! J’y vois, plutôt, une astuce pour sauvegarder un
monde qui est ancien, soit le monde qui est issu de la Révolution
tranquille!!! Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons pour
lesquelles cette union tend à proposer des solutions qui sont
désuètes à des problèmes qui sont inédits!!! Nous, les plus
vieux, nous nous apprêtons donc à laisser, aux jeunes générations,
une société qui vieillie, qui est endettée et qui est paralysée!!!
Si rien ne change, leur principal défi sera d’expier l’indolence
de leurs aînés et le projet d’indépendance du Québec leur
apparaîtra comme étant un rêve qui est archaïque de vieillards
qui sont dépassés!!!
Mathieu
Bock-Côté : Votre livre s’inscrit dans une critique qui est plus
vaste de nos représentations de l'Histoire québécoise!!! Au
Québec, nous avons l’impression que, avant 1960, c’était la
Grande noirceur, à laquelle auraient succédé les Lumières de la
Révolution tranquille!!! Ça nous amène à rejeter, en bloc, une
partie qui est fondamentale de notre passé, comme si pour nous
émanciper, nous devions nous déraciner!!! Quelles sont, selon vous,
les conséquences politiques de cette mémoire qui n’en finit plus
de diaboliser le passé canadien-français??? Croyez-vous que la
réduction du passé pré-1960 à une Grande noirceur a contribué,
jusqu’à présent, à l’échec de l’indépendance???
Martin
Lemay : Voici ma réponse, à votre troisième question : je suis
convaincu que, si l’identité canadienne-française et que si
l'Histoire canadienne-française n’avaient pas été rejetées, de
façon qui a été aussi brutale et qui a été aussi méprisante, le
Québec serait, aujourd’hui, un État indépendant!!! Évidemment,
cette assertion est basée sur une intuition et non pas sur la
science!!! Il demeure que l’on n’ébranle pas ainsi une identité
historique, qui est déjà, passablement, fragile, sans
conséquence!!! Je n’ai rien contre les remises en question et les
évolutions qui sont normales de l’identité des peuples!!! Par
contre, j’en ai contre les remises en question et les évolutions
qui ont, pour fondement, la récusation de l'oeuvre d’ancêtres
dont la seule erreur aura été de lutter pour la «survivance» d’un
petit peuple qui a été oublié de tous, parce qu'il était enfoui
sous quelques arpents de neige!!! D’ailleurs, avant toute chose, je
crois que tous les nationalistes qui sont sincères doivent répondre
à cette question du très regretté sociologue Fernand Dumont, dans
son livre qui s'intitule «Raisons communes», à savoir «comment
une capacité de création adviendrait-elle à un peuple, si il est
convaincu d’avance que ce qu’il a, auparavant, accompli est sans
valeur»!!!
Il
semble que cette question qui est aussi douloureuse que lucide n’ait
pas encore reçu toute l’attention qu’elle mérite!!! En effet,
il y a, encore aujourd’hui, une certaine élite, qui est bien
placée dans les universités, dans les maisons d’édition et dans
les médias, qui s’est spécialisée dans les remises en questions
identitaires qui sont hargneuses!!! Bien que je reconnaisse la
liberté d’expression et la liberté académique comme étant des
éléments qui sont essentiels à notre démocratie, il demeure que
je suis, tout de même, étonné de constater que cette petite élite
qui est tonitruante s’appuie sur des fonds publics, pour faire leur
travail de sape!!! À ce stade-ci, je ne peux que citer ces sages
paroles de l’écrivain et du philosophe français Pascal Bruckner,
dans son livre qui s'intitule «La tyrannie de la pénitence» : «La
passion critique qui avait pour fonction de délivrer l’individu
des préjugés est devenue le préjugé qui est le mieux partagé!!!
Mais, au-delà d’un certain seuil de vigilance, la Raison se
transforme en un scepticisme qui est destructeur!!!»!!!
Mathieu
Bock-Côté : La mise de l’avant de la question identitaire donne,
néanmoins, de l’espérance, à plusieurs personnes!!! On y voit
les nationalistes québécois reprendre l’offensive, faire le
procès du multiculturalisme et redécouvrir la critique du régime
canadien!!! Est-ce que ça vous redonne un peu d’espoir
politique??? À la fin de votre livre, vous dites que l’indépendance
relèvera moins du sprint que de la course de fond!!! Mais, le temps
nous est, par ailleurs, compté!!! Dans quelles circonstances
imaginez-vous, aujourd’hui, une indépendance qui serait réussie,
pour le Québec???
Martin
Lemay : La Charte des valeurs québécoises est, évidemment, un pas
dans la bonne direction, en ce sens qu’elle permet de contester la
dictature du multiculturalisme et de la rectitude politique, ces deux
poisons de l’esprit qui sont si présents, en Occident!!! Elle
permet, aussi, au mouvement indépendantiste, de reprendre
l’initiative, de renouer avec un électorat qui l’avait
abandonné, de se donner un nouveau rapport de force politique et
d’éloigner de ses rangs la sinistre gauche multiculturelle!!! Je
ne suis, cependant, pas sans m’interroger sur l’évolution du
nationalisme québécois, depuis quelques années!!! Avant d’être
une idéologie politique, le nationalisme est un sentiment et un
mouvement du coeur!!! C’est pourquoi on le retrouve, dans toutes
les sphères de l’activité humaine!!! C’est, d’ailleurs, ce
qui le rend, potentiellement, si dangereux!!! Malgré tout, je
persiste, car le nationalisme canadien-français et le nationalisme
québécois ont, de tout temps, été modérés, quoi qu’en disent
leurs nombreux contempteurs!!! Je disais que je m’interrogeais, sur
cette tendance du nationalisme québécois contemporain à ne se
déployer que dans un cadre étatique et que dans un cadre
législatif!!! Ce faisant, on le limite encore, ici, aux seules
interventions étatiques, alors que la fierté, le dépassement, la
compétition et l’initiative sont des valeurs qui ne peuvent
s’inscrire, ni dans des lois, ni dans un programme
gouvernemental!!! Quand il s’agit du sport, tous s’abandonnent à
ces belles et à ces grandes valeurs humaines!!! Mais, quand il
s’agit d’éducation ou d’économie ou de culture ou de la
défense du français, les références à ces valeurs disparaissent
comme la neige au soleil!!! J’ajoute même ceci : si la Loi 101 a
été un formidable outil de protection nationale et d’affirmation
nationale, elle a aussi donné, à la population, un sentiment de
sécurité qui s’est avéré trompeur!!! La condition minoritaire
québécoise n’a pas changé et elle ne changera jamais, comme l’a
si bien compris le grand historien François-Xavier Garneau qui a
écrit que «le destin [des Canadiens français] est de lutter, sans
cesse»!!! Bref, bien qu'ils soient, parfois, nécessaires, je ne
crois, cependant, pas que ce nationalisme étatique et que ce
nationalisme législatif nous approchent de l’indépendance du
Québec!!!
Pour
moi, l’indépendance est l’ultime responsabilité!!! Comment
peut-on y parvenir, en ayant rayé de notre vocabulaire individuel et
de notre vocabulaire collectif cette belle et cette grande valeur
humaine??? Comment peut-on convaincre les Québécois des bienfaits
de l’indépendance, quand les discours des indépendantistes
consistent, essentiellement, à trouver des boucs-émissaires, soit
les Anglais, les riches, le fédéral, les conservateurs, les
immigrants, les Américains et le pétrole des Albertains (qui paie,
soit dit en passant, nos CPE à 7$ par jour), pour tous nos
problèmes??? Comment peut-on réussir l’indépendance, tout en
laissant croire, aux individus, qu’ils ne sont responsables de rien
et que leurs problèmes sont dus à la pauvreté, au «système», au
régime canadien et au multiculturalisme??? Entre les discours et les
engagements des indépendantistes et la réalisation qui est
effective de l’indépendance, il y a une singulière antinomie!!!
La gauche radicale, qui n'est jamais à court d’idées et de
boucs-émissaires, en ajoute une couche, avec ses récits politiques
qui sont victimaires à outrance!!! D’ailleurs, je m’étonne de
constater que plusieurs adeptes de cette gauche soient des
indépendantistes!!! Pourquoi veulent-ils proposer l’indépendance
politique à un peuple qui est, selon leur propre aveu, aussi
abject??? Grâce soit rendue à la députée Maria Mourani!!! Elle a
été jusqu’au bout de son raisonnement, soit que les Québécois
ont besoin du fédéral et de la Charte des droits et des libertés,
pour se civiliser!!! Justin Trudeau saura, certainement, la
remercier, comme il se doit!!! Comme je le disais plus tôt, le dépôt
de la Charte des valeurs québécoises aura, au moins, servi à faire
tomber les masques!!!
Je
me permets d’ajouter une question de mon cru : comment se
comporteront les nationalistes et les indépendantistes, lors des
élections fédérales qui sont prévues pour 2015??? Je prédis que
leur vote se dispersera dans toutes les directions, comme c'était le
cas, à la belle époque de Pierre Elliott Trudeau!!! Cette situation
exprime bien la régression politique du Québec dans le Canada, soit
un Québec qui, quoi qu’on en pense, en fait encore partie!!!
N’est-il pas apparu, à personne, que le Canada évoluait,
rapidement, sans l’apport des Québécois??? Si ils tiennent à
poursuivre cette stratégie d’isolement, ils devront en assumer les
conséquences!!! Le Canada continuera à se développer, sans eux, et
je ne vois pas pourquoi, pour des raisons politiques et pour des
raisons démographiques, il devrait tenir compte des intérêts d’un
électorat qui boude dans son coin!!!
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