mardi 13 avril 2010

Michel Chartrand (1916-2010) : portrait d'un géant avec une mentalité d'une autre époque!!!!









Le plus célèbre des syndicalistes québécois qui a été de tous les combats syndicaux des 70 dernières années, Michel Chartrand, est mort, aujourd’hui, à l’âge vénérable de 93 ans!!!! Bien sûr, je souhaite toutes mes condoléances les plus sincères à sa famille, de même qu’à tous ses proches!!!!

L'ironie du sort a voulu que Michel Chartrand meure, alors que nous vivons l'une des plus graves crises de confiance envers notre gouvernement et, surtout, envers nos institutions publiques que nous n'avons jamais vécu, auparavant!!! Même si je n'étais pas d'accord avec toutes ses idées (loin de là), j'admirais son franc-parler, son courage, son intégrité, son amour de la liberté, de même que tous ses combats pour faire un monde meilleur!!!!!

Tout comme l’a fait
Pierre Falardeau, Michel Chartrand aura brassé la cage de la rectitude politique, et ce, à sa façon, le plus souvent qu’autrement en choquant les âmes sensibles avec son langage qui était, parfois, ordurier!!!! Chartrand demeurera, pour moi, le dernier vrai représentant de la véritable gauche politique : une gauche plus pro-liberté, une gauche plus digne de la philosophie des Lumières, plutôt qu'une gauche socialiste et étatiste à tour de bras!!!

Contrairement à la croyance populaire, Chartrand n’était pas un socialiste, mais bien un anarcho-syndicaliste!!! Un anarchiste ne peut pas être un socialiste, car, contrairement à l'anarchisme, le socialisme ne reconnaît aucun droit individuel, ce qui était, bien évidemment, tout le contraire de Chartrand. Malgré tout, il jetait un regard sévère sur le syndicalisme d'aujourd'hui!!!

Il a déjà dit ceci : «Dans ce temps-là, on menait un syndicalisme de combat, mais, maintenant, ÈÈÈÈÈ, les syndicats, y discutent avec les patrons pis les gouvernements, s'tie!»!!! Ensuite, il s'est esclaffé de rire. Moi, un syndicaliste qui me dit que le corporatisme syndicaleux est à proscrire, ça, je dois admettre que ça me plaît bien d'entendre ça!!!!!

Par contre, je dois admettre que, sur certaines de ses idées, il n'avait pas encore
réalisé que le monde avait évolué, depuis les années 1940, que les employés n'étaient plus les laquais des patrons, et ce, depuis bien longtemps, et qu'ils étaient même pleinement associés avec ceux-ci pour le bénéfice de l'entreprise et que les combats qu'il a mené y étaient pour beaucoup, dans l'établissement de ce nouveau type de gestion!!!

En fait, ce qui m'attriste le plus, quand je pense à lui, c'est que, durant les dernières années de sa vie, il était devenu, en quelque sorte, une espèce de parodie pathétique de lui-même qui ressassait ses discours des années 1940 à voix haute, un peu comme une vieille cassette de VHS qui saute!!! Pour lui, tout était, soit tout noir, soit tout blanc, le tout avec les gentils employés exploités et les méchants patrons oppresseurs!!!! Je peux comprendre que les droits des travailleurs lui tenaient à coeur, mais, là, à un moment donné, trop, c'est comme pas assez!!!! Assez ronflante comme idéologie, à la longue!!!!


Certains de ses constats sur le corporatisme syndicaleux (les ti-z'amis à protéger, le graissage de pattes, l'ancienneté tous azimuts, et ce, au détriment de la compétence, l'intimidation syndicaleuse, le copinage avec le monde politique et le patronat, etc.) avaient le mérite d'être un cri du coeur en faveur du retour des nobles idéaux pour lesquels il s'était tant battu, mais sa mentalité était celle d'un homme qui a toujours refusé de voir la modernité en face, surtout le fait que l'employé est, maintenant, un membre à part entière de l'entreprise pour laquelle il travaille, ce qui lui a fait appuyer (peut-être aveuglément, qui sait???) Fidel Castro, de même que des partis communistes, comme Culbec suicidaire, alors que, sur le plan des droits individuels et sur le plan de sa conception du travail, le programme de QS étant le programme le plus pro-BS qu’il n’y a pas, ce parti-là était très loin de ses propres idées, de même que Castro, d’ailleurs!!!!

Tout le monde devrait faire de la politique, avait-il dit, un jour!!!! En démocratie, c’est un devoir!!! Assumer des responsabilités à son niveau, voir à ce que le monde s’épanouisse!!!! On est nés pour le bonheur, quel que soit notre handicap physique ou mental, quels que soient nos parents ou nos gênes et, pour avoir le bonheur, il faut un minimum : manger, se faire soigner, s’éduquer!!!! Pis travailler!!! On s’épanouit par le travail.

Voilà les
paroles d’un grand humaniste responsable qui était épris d'une vraie justice sociale!!! Après tout, la Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique ne stipule-t-ele pas que la recherche du bonheur est un droit humain qui est tout aussi fondamental et inaliénable que le sont la vie et la liberté, hein???


Malheureusement, dès que Chartrand voyait un patron, il lui déclarait, aussitôt, la guerre, comme dans le temps où les syndicats étaient interdits et où le droit d'association était bafoué, ce qui était d'un pathétisme sans nom!!!! Aujourd'hui, c'est le droit de non-association qui est bafoué par les syndicaleux, mais, bon, pour Chartrand, c'était normal qu'un employé soit syndiqué, même contre son gré, si il le fallait, alors!!!

Malgré tous ses combats et malgré le fait
indéniable qu'il ait été un géant de notre Histoire, un passionné, un combattant, un dissident, un patriote qui a passé quatre mois de sa vie en prison, dans le cadre de la Crise d’Octobre de 1970, à cause du décret de la Loi fasciste sur les mesures de guerre, et, tout anarcho-syndicaliste qu'il était, il n'a pas évolué, avec le temps. Il voyait toujours le patron comme étant un ennemi à abattre, et ce, coûte que coûte. Pour beaucoup de syndicalistes que je connais, Chartrand était devenu, durant les dernières années de sa vie, une parodie du monde syndical, un peu comme le blogueur Pierre Morin (allez lire ses torchons!!!) en est une pour les fédéralistes!!!


Mais, j'essayerai de me souvenir du meilleur de Michel Chartrand, surtout de sa citation sur la démocratie, car cette citation-là, de même que celle sur le corporatisme syndicaleux, me rejoint totalement!!!

Sérieusement, et ce, malgré tout ce que je pouvais détester en lui, son départ me fait vraiment quelque chose!!! Il ne laissait personne indifférent et c'est un peu de notre Histoire qui s'en va avec lui!!!

Ce n’est pas un trou qui s’ouvre derrière nos dos, avec le décès de Michel Chartrand, nous dit Louis Préfontaine, c’est un cratère!!! Un canyon qui se creuse, de plus en plus, rapidement sous nos pieds, au fur et à mesure que nos géants nous quittent!!!! Nous ne pouvons plus nous retourner sans risquer de tomber. Il nous faut aller de l’avant et il nous faut nous servir de l’expérience, absolument, fascinante d’une vie d’intégrité, de courage et de valeurs chrétiennes et sociales d’un homme qui, si il était grand, nous est apparu comme un géant, parce que nous étions petits ou courbés!!!

Repose en paix, dernier géant survivant du Québec de la première moitié du XXe siècle!!!

Salut à toi, l'anarcho-syndicaliste!!!

Salut à toi, le combattant!!!

Salut à toi, le dissident!!!

Salut à toi, le passionné!!!

Salut à toi, le patriote!!!

Salut à toi, Chartrand, et merci!!!!


Après toutes ces années où tu as été
séparé d’elle, tu pourras, de nouveau, embrassé ta Simonne au ciel!!!

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