dimanche 12 avril 2009

L'affairisme du Québec Inc. n'est pas le libre-marché

Un choix douteux

vendredi 10 avril 2009 by Vincent Geloso


Suite à son élection comme député d’Outremont, Raymond Bachand s’est levé en Chambre pour déclarer qu’il «accompagnerai[t] nos entreprises dans l'amélioration de leur productivité et nos travailleurs dans le développement de leurs compétences». Considérant le parcours de Raymond Bachand, une telle citation représentait parfaitement son idéologie ; celle du Québec Inc.

Le Québec Inc. est ce groupe d’entrepreneurs qui sont apparus après la Révolution tranquille et qui sont les fleurs de la communauté d’affaires au Québec. Toutefois, ils sont assujettis à une mentalité corporatiste selon laquelle l’État doit façonner la direction économique que prend le Québec. Selon eux, il est normal que le gouvernement encourage des industries pour stimuler le développement économique du Québec. Les groupes d’affaires s’assoient donc avec le gouvernement et négocient des ententes pour assurer la survie des industries concernées. Comme le disait le ministre Bachand, l’État marche main dans la main avec les entreprises pour les aider à se développer. Mais, il ne faut pas penser qu’une mentalité pro-affaires implique une mentalité pro-libre marché.

Au contraire! Une mentalité pro-affaires implique que le gouvernement distribue de l’aide à des entreprises en difficulté, si elles sont des fleurons nationaux ; on peut penser aux subventions aux alumineries sous la forme d’une électricité à des prix dérisoires. Elle implique aussi de limiter la concurrence qui fait face aux entreprises nationales ; on peut penser aux contrats sans appels d’offres à des entreprises comme Bombardier. Elle implique aussi une approche interventionniste au sein de l’économie pour éviter que des groupes non-Québécois ne viennent faire concurrence ; on peut penser aux nombreuses interventions de la Caisse de dépôt et placement du Québec, notamment dans les Épiceries Steinberg dans les années 1980 et dans Vidéotron au début des années 2000. Cette mentalité est celle à laquelle adhère Raymond Bachand.

Sa plus récente intervention pour que le Canadien de Montréal soit acquis par des intérêts québécois et non pas par des intérêts étrangers est une preuve qui s’ajoute à des histoires comme l’attribution d’un contrat sans appel d’offres à Bombardier pour la réfection du métro de Montréal et des subventions de plusieurs centaines de millions $ à cette même entreprise. Pourtant, il est difficile de comprendre l’attachement à une telle mentalité.

L’étude de l’économiste Marcel Boyer sur la performance économique du Québec des 25 dernières années devrait pourtant faire figure de son de cloche. Malgré une performance acceptable, le Québec a traîné de la patte par rapport au reste du Canada. Sa croissance a été considérablement moins rapide que celle de ses homologues du Canada et des États-Unis. Si la tendance continue, dans les 25 prochaines années, le taux de croissance économique du Québec, plus faible que celui du reste du Canada, fera en sorte que l’économie du Québec aura cru de 84,1%, tandis que celle du Canada augmentera de 123,8%. À ce moment, l’économie du Québec représentera 17,5% de l’économie canadienne, donc nettement en-deçà de son poids démographique projeté.

La mentalité pro-affaires du Québec Inc. et du ministre Raymond Bachand est celle qui a mené à cette performance minable et qui continuera de mener à une performance minable pour le Québec. Il est donc judicieux de questionner le choix de nommer Raymond Bachand comme ministre des Finances, alors que son idéologie a été pesée, jaugée et jugée inadéquate.





Voilà ce qui arrive quand John-James Charogne a les deux mains sur le volant!

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