vendredi 17 avril 2009

Le vilain petit canard

La chronique de Richard Martineau
La vierge à la voix d'or

Richard Martineau
Le Journal de Montréal
15/04/2009 07h14



Voulez-vous voir quelque chose de profondément touchant? Allez sur YouTube et visionnez l'audition que Susan Boyle a passée à l'émission Britain's Got Talent, une sorte d'American Idol britannique!

Vous allez avoir la gorge nouée par l'émotion et le poil des bras au garde-à-vous.

Une apparence trompeuse

Susan Boyle est une Écossaise de 47 ans au physique particulièrement ingrat. Carrée, grassette, des sourcils hirsutes, une robe de grand-mère, des bas nylons qui semblent avoir été fabriqués en 1940! Bref, une caricature de «vieille fille»!

La dame avoue d'ailleurs être vierge et n'avoir jamais embrassé un homme.

Quand Susan Boyle monte sur scène et se pointe au micro, les spectateurs se mordent les joues pour ne pas rire. Quoi, ce boudin espère devenir une chanteuse à succès? Pauvre petite...

Puis, les premiers accords de «I Dreamed A Dream» des Misérables emplissent la salle, la dame ouvre la bouche... et tout le monde tombe sur le cul.

De ce corps sans grâce sort l'une des plus belles voix que j'ai entendues. Forte, ronde, assurée! Tout simplement magnifique!

Le cas de Christopher Cross

En écoutant (et en regardant) ce vilain petit canard chanter, je me suis passé deux remarques :

Elle a une voix extraordinaire.

À moins de passer sous le bistouri, ses chances d'avoir une carrière sont pratiquement nulles, car aujourd'hui, dans le merveilleux monde du showbiz, ça ne suffit pas d'avoir du talent pour réussir. Il faut aussi être beau.

En fait, il faut SURTOUT être beau. Tu n'as pas de look? Tu n'auras pas de carrière. C'est aussi simple que ça.

Vous souvenez-vous de Christopher Cross? En 1981, cet inconnu à la voix aérienne a remporté cinq Grammy's avec son premier album éponyme qui contenait le méga succès Sailing.

La photo de Cross n'apparaissant pas sur la pochette de son album (la compagnie de disques avait préféré mettre le dessin d'un flamand rose...), tout le monde se demandait quelle tête il avait.

Le soir des Grammy's, on l'a su, et la carrière de Christopher Cross s'est brusquement arrêtée.

La nouvelle star de l'industrie du disque était un p'tit gros avec un afro.

Dès que la caméra s'est posée sur le visage de Cross, c'était fini. Il avait une carrière, il n'en avait plus.

La dictature de la pitoune

Charlie Wilson, le Congressman démocrate du Texas, aimait s'entourer de jolies filles. Toutes les femmes qui travaillaient dans son bureau ressemblaient à des top models.

Quand des confrères lui demandaient pourquoi il choisissait toujours ses secrétaires et ses assistantes sur la base de leur look, il répondait :

«On peut leur apprendre à taper à la machine, mais on ne peut pas leur apprendre à avoir des gros seins.»

Ce gag sexiste et vulgaire pourrait être la devise du show business. «On peut leur apprendre à chanter ou à jouer, mais on ne peut pas leur apprendre à être sexy.»

Avant, les p'tites grassettes pouvaient percer dans le country. Mais, depuis le succès de Shania Twain, même les fermières doivent ressembler à des pitounes. Idem pour la musique classique, qui bave maintenant devant les Asiatiques de 14 ans!

À suivre

Susan Boyle a prouvé qu'on ne devrait jamais juger les livres par leurs couvertures. Reste à savoir si l'industrie va suivre! J'en doute très fort.




Faisons-nous plaisir!

Voici l'heure de gloire de Susan Boyle, l'une des plus belles voix féminines que j'ai entendues de toute ma vie!

C'est triste que son physique la bloque pour qu'elle puisse faire une carrière internationale. Tout ce qu'elle peut faire avec ça, c'est chanter sous la douche.

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