dimanche 30 août 2009

L'aveu de Mark Carney










Oubliez toutes les explications «à la Paul Krugman» pour connaître les causes de la récession! Les banques centrales savent très bien qu'elles sont la cause initiale de la récession que nous subissons, actuellement. Évidemment, celles-ci ne l'avoueront jamais ouvertement pour conserver leur intégrité et leur raison d'être.


Mais, voici le texte du discours que monsieur
Mark Carney, gourverneur de la Banque du Canada, a fait la semaine dernière : Some Considerations on Using Monetary Policy to Stabilize Economic Activity (la version francaise est disponible, aussi, mais elle n'est utile que pour montrer les limites de Google Translate)!






As we have all just been reminded at great cost, low, stable, and predictable inflation and low variability in activity, especially when associated with exceptionally low and stable interest rates, can breed complacency among financial market participants as risk taking adapts to the perceived new equilibrium. Indeed, risk appears to be at its greatest when measures of it are at their lowest. Low variability of inflation and output (reduces current financial VaR and) encourages greater risk taking (on a forward VaR basis). Investors stretch from liquid to less-liquid markets. In parallel, low and stable interest rates promote larger asset-liability mismatches across credit and currency markets. These tendencies are particularly marked if there is a perceived certainty about the stability of low interest rates.

Such asset-based financing creates intensely procyclical liquidity cycles. In these cycles, rising asset prices increase funding liquidity, which finances further purchases and prompts additional price increases.





Tout est dit! Monsieur Carney nous dit, indirectement, qu'il sait très bien que les banques centrales sont la cause de cycles économiques.

Ok, voici une explication plus détaillée!

Commençons au tout début : le
crédit est normalement de l'argent économisé qui est prêté à des gens! Mais, notre système économique ne fonctionne pas ainsi. Ce que le système actuel fait est de créer de l'argent à partir de rien sous forme de crédit!

Manipuler ainsi le crédit a plusieurs avantages :

1) il permet d'avoir des
taux d'intérêts très bas, puisque l'argent est disponible à qui le veux.

2) il permet d'avoir une
croissance économique hors du commun. Tant d'argent à si bas prix fait en sorte que plusieurs projets sont, maintenant, disponibles. Le chômage baisse et la machine économique tourne à fond.


3) les faibles taux d'intérêts favorisent
l'endettement et le faible rendement des placements défavorise l'économie et favorise la consommation, celle qui «fait rouler l'économie», selon ces gens.


Ça, c'est le beau côté de la chose!

Mais, évidemment, comme cette pratique essaye de défier la réalité, il y a toujours un mauvais côté. Le plus apparent est qu'on se rend, rapidement, compte que, plus il y a d'argent créé dans l'économie, plus
l'inflation sera forte.


Quel est le
mandat de la banque centrale? Créer du crédit à partir de rien pour avoir la meilleure croissance économique possible! La deuxième partie du mandat des banques centrales est de «contenir» l'inflation qui en résulte. Le taux visé est d'environ 2% par année. Ce que fait la banque centrale est de, continuellement, ajuster la quantité d'argent à «pomper» dans le système en fonction de cette cible de 2%.

Première
fraude des banques centrales : ces gens se présentent en gardiens de l'inflation, mais ils ne parlent, en aucun temps, du fait que ce soit eux qui créent cette inflation! Pour eux, la croissance économique DOIT passer par la manipulation du crédit et, donc, ils considèrent la première partie de leur mandat comme étant une nécessité, donc, ils n'en sont pas vraiment responsables, ce qui est, évidemment, faux.

Mais, revenons à monsieur Carney! Ce qu'il nous dit, c’est ceci : nous constatons que, parfois,
l'injection de tout ce crédit dans le système ne se réflète pas comme étant de l'inflation, mais, plutôt, comme étant une bulle économique!


Évidemment, monsieur Carney ne nous le dit pas ainsi! Voici comment il interprète la situation :





As we have all just been reminded at great cost, low, stable, and predictable inflation and low variability in activity, especially when associated with exceptionally low and stable interest rates, can breed complacency among financial market participants as risk taking adapts to the perceived new equilibrium.





Le tout est viré à l'envers : une inflation basse, stable et prévisible, combinée à des taux d'intérêts exceptionnellement bas et stables! Pourtant, l'inflation est le résultat, et non l'outil! L'outil, ici, est le taux d'intérêt.


Ce que monsieur Carney nous dit, si on le remet à l'endroit, est ceci : «Nous avons remarqués que des taux d'intérêts bas et stables ne provoquent, parfois, pas d'inflation. Cette stabilité est perçue pour ce qu'elle est : de la stabilité et elle a tendance à induire l'économie en erreur et à lui faire croire que la situation est...stable.»!

Selon monsieur Carney, offrir pendant longtemps de l'argent facile (à partir de rien) a tendance à faire que le
marché baisse la garde et assume que ce flot ne se terminera pas. En d'autres mots, c'est comme si un pusher nous disait : «Je donne de la drogue à très bas prix à mes clients et ceux-ci en deviennent junkies.»!

Bien, oui!!!!!

Ce qu'il faut, ironiquement, préciser ici, c’est que les banques centrales n'ont pas plus vues que les autres cette instabilité cachée dans la stabilité qu'elle reproche aux autres. La banque centrale pompe de l'argent dans le système. Elle ne mesure que l'inflation de la
monnaie pour savoir quand ralentir et elle accuse les autres quand le système pète. Les autres ne sont pas plus fous : ils regardent la banque créer tout cet argent, ils voient que l'inflation est basse et que, donc, la banque centrale va continuer à «pomper» cet argent! Ils la prennent!

Bien que monsieur Carney réfute toute
responsabilité : «Ce n'est pas nous, c'est eux qui ont prix trop de risques dans une telle situation.»! Il nous montre bien qu'il comprend que ce sont les taux d'intérêts bas de sa banque qui sont à l'origine de tout ceci.

Qu'est-ce qui se passe dans une telle situation? Monsieur Carney nous l'explique un peu :






Low variability of inflation and output (reduces current financial VaR and) encourages greater risk taking (on a forward VaR basis). Investors stretch from liquid to less-liquid markets. In parallel, low and stable interest rates promote larger asset-liability mismatches across credit and currency markets.

Such asset-based financing creates intensely procyclical liquidity cycles. In these cycles, rising asset prices increase funding liquidity, which finances further purchases and prompts additional price increases.





Dans une telle situation, l'argent est utilisé pour bâtir (from liquid to less-liquid).

Ce n’est pas dit dans le texte, mais c’est implicite : l'argent servant à bâtir prend beaucoup plus de temps pour se retrouver dans l'économie et affecter l'inflation, ce qui fait que les banques centrales n'en voient pas les effets et qu’elles continuent à «pomper» cette économie (avec un beau grand sourire)!





Such asset-based financing creates intensely procyclical liquidity cycles.





Autrement dit : ceci crée des bulles économiques!





In these cycles, rising asset prices increase funding liquidity, which finances further purchases and prompts additional price increases.





Ici, c'est ce qui arrive en bout de ligne, juste avant l'éclatement de la bulle et la récession qui suit : les prix augmentent, la bulle gonfle, et ce, jusqu'à ce que la réalité reprenne ses droits, c'est-à-dire que cette richesse fictive n'est pas soutenable pour une société! Trop d’investissements sont faits! Trop de ressources sont nécessaires! Ces ressources n'existent pas dans le monde réel. Tôt ou tard, le projet qui semblait réalisable hier ne l'est plus aujourd'hui. Les gens commencent à perdre confiance et le château de cartes s'effondre.


Alors, oui, monsieur Carney sait très bien que ce sont les taux d'intérêts bas qui sont la cause première de tout cela.

D'ailleurs, ce qu'il propose est que, lorsqu'une telle situation survient, la banque centrale devrait hausser les taux d'intérêts :





The alternative would be to generate price instability to prevent financial instability. That is, the price objective might have to become less stable in order to disrupt the endogenous liquidity creation that comes from relatively stable, predictable rate paths.





Le langage utilisé est très douteux. Le «price objective», c'est le taux d'inflation visé. «Price instability» veut dire ici : «hausser les taux d'intérêts»! «Endigenous liquidity creation» veut dire : «bulle»! Donc : «une alternative serait d'augmenter les taux d'intérêts, dans le but de stopper la bulle, quitte à rater la cible d'inflation désirée.»!

Le pire, c’est que cette méthode fonctionnerait probablement, c'est-à-dire que d'augmenter les taux d'intérêts au début de la bulle aurait comme effet de la stopper, avant que celle-ci soit énorme.

Il y a, par contre, deux problèmes majeurs avec cette idée :

1) Personne n'est capable de savoir si cette «
tactique» ne ferait pas une bulle énorme dans plusieurs années. C'est que, normalement, la réalité est impossible à déjouer!


2) Mais,
l'argument le plus important est celui-ci : les banques centrales et les économistes nous ont prouvés qu'ils sont incapables de reconnaître les situations de bulles! Un remède, lorsque l'on est incapable de reconnaître le bobo, ne sert pas à grand-chose!


Francois

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