mercredi 26 août 2009

Edward «Ted» Kennedy (1932-2009) : le dernier des frères Kennedy est mort








Publié le 26 août 2009 à 07h16 Mis à jour à 07h51
Ted Kennedy est mort

Olivia HAMPTON


Washington



Le sénateur démocrate américain, Edward «Ted» Kennedy, ténor de la vie politique aux États-Unis et dernier patriarche de la dynastie Kennedy, atteint d'une tumeur au cerveau, est décédé, mardi soir, à l'âge de 77 ans.


«Edward M. Kennedy, le mari, le père, le grand-père, le frère et l'oncle que nous aimions tant, est mort, tard mardi soir, chez lui à
Hyannis Port», son fief dans l'État du Massachusetts (Nord-Est), a déclaré la famille Kennedy, dans un communiqué.

«Nous avons perdu le centre irremplaçable de notre famille et une lumière joyeuse dans nos vies, mais sa
foi, son optimisme et sa persévérance resteront à jamais dans nos coeurs», ajoute le texte.

«Il aimait son pays et il a voué sa vie à le servir», affirme encore la famille en soulignant son «combat infatigable» pour la
justice sociale et contre la pauvreté.


Les hommages de
leaders politiques américains et dans le monde ont, aussitôt, afflué.

Se disant le «coeur brisé», le président américain,
Barack Obama, a déclaré qu'«un chapitre important de notre Histoire s'est clos».

«Notre pays a perdu un grand leader qui a relevé le flambeau de ses frères tombés pour devenir le plus grand sénateur américain de notre temps», a-t-il dit depuis
Martha's Vineyard (Nord-Est), où il est en vacances.


Le leader de la majorité démocrate au
Sénat, Harry Reid, a exprimé sa tristesse face à la disparition de «notre patriarche», tandis que Nancy Reagan, l'épouse de l’ancien président républicain, Ronald Reagan, soulignait que son mari «et Ted avaient toujours su trouver un terrain d'entente et ils avaient beaucoup de respect l'un pour l'autre».

À l'étranger, le premier ministre britannique,
Gordon Brown, a, notamment, estimé qu'il serait regretté sur «chaque continent», tandis que son homologue irlandais, Brian Cowen, jugeait que son pays avait «perdu un véritable ami».

Surnommé de «lion de
gauche», Ted Kennedy avait fait de la santé et de l'éducation ses deux grands chevaux de bataille et présidait la Commission de la Santé au Sénat.


Son décès intervient en pleine bataille pour réformer le système de
l'assurance-maladie aux États-Unis.


À la fin de sa vie, il s'était attiré l'admiration de tous dans le combat, sans trêve, qu'il a mené contre le cancer qui l'a finalement emporté.

Il y a deux semaines seulement, le 11 août, la soeur de Ted,
Eunice Kennedy Shriver, était décédée à l'âge de 88 ans. Mais, gravement malade, le sénateur, communément appelé «Teddy», n'avait pu assister aux funérailles.


Le sénateur, élu pour la première fois en 1962, avait été opéré, en juin, pour une tumeur au cerveau, diagnostiquée en mai 2008.

Né le 22 février 1932 à Boston,
benjamin des neuf enfants de Joseph et de Rosa Kennedy, catholiques d'origine irlandaise, il a représenté le Massachusetts au Sénat des États-Unis sans interruption depuis son élection en 1962, dans les rangs démocrates, au siège laissé vacant par son frère John, devenu président.


Juriste, diplômé de l'Université Harvard et de l'École de Droit de l'Université de Virginie, Ted Kennedy était resté dans l'ombre politique de ses frères aînés jusqu'à l'assassinat de Robert, en juin 1968, durant la campagne présidentielle, pour devenir ensuite peu à peu une icône de la gauche américaine.

Connu pour son tempérament de bon vivant, il personnifiait aussi l'opulence et
l'élitisme. Au point, selon ses détracteurs, que les scandales de sa vie privée lui auront coûté l'accession aux plus hautes fonctions. Il n'a, ainsi, jamais obtenu l'investiture de son parti pour l'élection présidentielle.*


Mais, il a, aussi, souffert des nombreuses tragédies qui ont frappé le «clan», dont les assassinats successifs de ses deux frères, le président John Fitzgerald Kennedy, en 1963, et, en 1968, de Robert, ancien ministre de la Justice, alors candidat à
la Maison-Blanche. Un autre de ses frères, Joe, pilote, est décédé durant la Deuxième Guerre mondiale.






* Note de JLP : Dieu merci!

C’est une grande perte. C’est une page de l’Histoire américaine qui se tourne, aujourd’hui. Ted Kennedy restera toujours, pour moi et peut-être pour bien d’autres, aussi, le symbole même de la gauche américaine et du Parti démocrate, en plus d’être le dernier des frères de cette famille
mythique qu’est la famille Kennedy. Il faut se souvenir qu’il incarnait un homme dévoué pour son pays et un passionné du service public qui allait bien au-delà de toute partisanerie, lui qui a fait adopter plusieurs lois en s’associant avec des républicains.

Au-delà des scandales qui ont entaché sa carrière et des tragédies qui ont marqué sa vie, il faut se souvenir, d’abord et avant tout, que, tout comme ses célèbres frères, John et Robert, Ted a donné sa vie à la politique, à sa
communauté et à son pays et, pendant plus de 4 décennies, il les a servi comme il a pu, en devenant le sénateur des sénateurs et celui qui réussissait, par sa prestance, son nom et son charisme, à rassembler tous les démocrates derrière lui. La plus belle preuve fut le discours qu’il a prononcé, l’année passée, à la Convention nationale du Parti démocrate, en vue de la campagne présidentielle, alors que les partisans de Hillary Clinton ne voulaient pas encore concéder la victoire à Barack Obama.


Sans rien enlever à la peine que doit ressentir la famille Kennedy, aujourd’hui, la mort du «lion de la gauche» marque, aussi, un point tournant dans la politique américaine et même dans certaines politiques que souhaitent adopter
l’administration Obama.


On ne se le cachera pas, là, la mort de Ted Kennedy est un coup dur pour l’unité du Parti démocrate, pour le
leadership d’Obama et pour la fameuse réforme du système de santé américain. Non seulement, le président Obama perd un de ses plus indéfectibles appuis politiques, Kennedy l’ayant appuyé un peu avant le Super Tuesday des primaires démocrates de l’année passée en remettant au futur président, en quelques sortes, le flambeau du changement que sa famille a tant porté dans les années 1960, mais il perd, aussi, l’un de ses plus grands alliés dans le projet de la réforme du système de santé.

Maintenant que le sénateur Kennedy est mort, il va être très intéressant de suivre le débat autour de cette réforme, puisqu’elle vient de perdre son plus grand supporteur, voire même sa plus illustre incarnation humaine*, et ce, avant même qu’elle puisse voir le jour. Ça donne l’impression d’une réforme morte née.

* Ted Kennedy parlait de l’implantation d’un système de santé public et
universel aux États-Unis, dès le début des années 1960.


Adieu, sénateur Kennedy! Vous saluerez vos illustres frères au ciel.



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