jeudi 14 mai 2009

La modernisation du PQ, selon Jacques Brassard

Le PQ doit changer, évoluer, arriver en 2009 et adopter des résolutions fermes et pas seulement cosmétiques pour montrer, mais aussi pour prouver, qu’il a compris que son modèle social-médiocrasse a montré son échec. Le PQ doit vivre sa révolution idéologique du gros bon sens et devenir le New PQ, à l’image du New Labour de Tony Blair au Royaume-Uni.

Comment le PQ peut-il changer? L’ex-ministre péquiste
Jacques Brassard répond à cette question en expliquant pourquoi un changement de cap à 180 degrés au PQ est indispensable pour les prochaines élections et pourquoi le PQ ne doit pas seulement miser sur la règle de l'alternance pour reprendre le pouvoir en 2012.




Le PQ social-démocrate a fait son temps

Jacques Brassard
Le Quotidien



Le gouvernement Charest navigue à vue dans d'exécrables conditions.

D'abord, il est au coeur d'une tempête économique dont il avait lui-même annoncé l'avènement, lors de la dernière élection. Ensuite, le navire fait eau de toutes parts, déficits et dettes publiques constituant les gros trous dans la coque.

Enfin, les pertes énormes de la Caisse de dépôt et la gestion douteuse des fonds régionaux (FIER) font apparaître le premier ministre comme un capitaine qui a lâché le gouvernail.

Bref, ça ne va pas bien!

De bonne guerre

En de pareilles circonstances, il est bien normal que le Parti québécois, assumant pleinement son rôle d'Opposition officielle, tire à boulets rouges sur le vaisseau de l'État. C'est de bonne guerre. Convenons qu'il le fait avec un certain brio! Il est plutôt drolatique, d'ailleurs, de voir les ministres pris à parti de la sorte s'indigner de la «partisanerie opportuniste» des ténors du PQ.

C'est là le réflexe pathétique d'un gouvernement qui, dans un sacré pétrin, se retrouve également en manque d'arguments qui tiennent la route. Par contre, la tentation qui guette le PQ, c'est de miser sur l'usure du pouvoir et de provoquer, par des assauts répétés, l'effritement irréversible de la crédibilité du gouvernement.

Après trois mandats, l'issue fatale étant tellement inévitable, le PQ pourrait tout à fait se contenter d'attendre que le fruit soit mûr et que le pouvoir lui tombe dans les mains. Ainsi, Pauline Marois s'épargnerait les risques de déchirements au sein de son parti, puisqu'elle n'aurait pas à donner suite à son engagement de revoir en profondeur la dimension social-démocrate de sa formation, dimension que Bernard Landry se glorifie tant de qualifier de progressiste.

«Il était une fois...»

Or, le progressisme, proclamé comme la valeur suprême de la gauche toutes tendances confondues, n'a pas grand-chose à voir avec le progrès. En réalité, quand on fait l'inventaire de tout le fourbi progressiste, on se rend compte que le progressisme est en fait de l'étatisme.

Toutes les propositions qui s'affichent comme progressistes commencent toujours par «l'État doit...». Dans les contes pour enfants, la formule d'ouverture est : «Il était une fois...». Dans les plates-formes progressistes, c'est : «Le gouvernement doit...». Il doit taxer, imposer, réglementer, mettre en oeuvre une politique, encadrer, contrôler, prendre en charge, réformer, s'endetter, financer, subventionner, contraindre. Le progrès dans cette hypertrophie de l'État? Je ne nie pas qu'il puisse s'y trouver quelquefois, mais c'est loin d'aller de soi.

Deuxième voie

Alors, question existentielle : le PQ va-t-il se contenter de demeurer «progressiste», sous la surveillance pointilleuse du Club des syndicalistes pour un Québec libre, qui se comporte dans les conseils nationaux comme le gardien farouche de l'orthodoxie social-démocrate? Ou bien va-t-il courageusement changer son vieux logiciel? S'il veut être vraiment utile au Québec, c'est la deuxième voie qui s'impose.

Voici quelques pistes...

En premier lieu, rappelons-nous que Mme Marois a dit et répété que la redistribution de la richesse implique qu'il faut, au préalable, la créer! Alors, commençons donc par un vigoureux effort d'exploration et d'exploitation du gaz et du pétrole dans notre sol et sous l'eau (du golfe, en particulier). Le Québec pourrait ainsi, grâce aux redevances, cesser de vivre aux crochets du fédéral (péréquation). Que le PQ donne de la substance au Plan Nord et en fasse autre chose qu'un truc de propagande électorale! En bout de ligne, tout cela suggère qu'en matière de développement économique, le PQ cesse de s'aplatir devant les écolos.

Garderies

Dans le domaine fiscal, il est impérieux d'alléger la fiscalité des particuliers, ce qui suppose un plan rigoureux de réduction des dépenses et un moratoire sur l'empilement des programmes gouvernementaux.

En ce qui a trait aux services de garde, il serait plus que souhaitable de subventionner directement les parents, plutôt que les garderies. Le vrai progrès, ce serait de remettre aux parents la responsabilité du choix du mode de garde de leurs enfants.

Par ailleurs, pourquoi ne pas privatiser la SAQ? Comme le suggérait Daniel Audet : «L'État pourrait continuer à faire beaucoup d'argent à même les taxes, tout en appliquant le produit de la vente du monopole à notre énorme dette.».

En matière de santé, pourquoi ne pas légaliser l'assurance-maladie privée pour tous les services? Ne serait-il pas temps pour le PQ, en ce domaine, de se dessaisir du sectarisme idéologique qui le paralyse depuis ses origines? Évidemment, il lui faudrait avoir le courage d'affronter les milices syndicales.

Le PQ peut fort bien se contenter d'attendre que la règle de l'alternance le porte au pouvoir. Mais, s'il veut être vraiment utile aux Québécois, il faudrait qu'il ait le courage et l'audace d'envoyer à la friperie sa vieille défroque social-démocrate, ce que je souhaite ardemment.

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